
A l’appel du Mouvement du 23 juin (M23), coalition qui regroupe des représentants de l’opposition et de la société civile, des milliers de personnes s’étaient rassemblées mardi soir à Dakar pour exiger le retrait de cette candidature dont la validité a été confirmée le 29 janvier par le Conseil constitutionnel.
Le rassemblement a été dispersé par la police mardi soir, et un étudiant a été tué, renversé par un véhicule.

Alors que l’opposition n’a désormais plus aucun recours légal pour contester cette candidature, la manifestation de mardi s’annonçait donc comme un test de la rue décisif pour le M23.

« C’était la manifestation la plus forte qu’on ait vu, les gens étaient très déterminés », a affirmé également Alioune Tine, autre responsable du M23 et figure de la société civile.
Pour autant, le raz-de-marée annoncé n’a pas eu lieu. Les manifestants étaient autour de 10.000, selon les observateurs indépendants. Loin du « printemps sénégalais » promis par le M23, en référence aux révolutions du « printemps arabe ».
Comité de crise
La présidence a ainsi immédiatement pointé une faible mobilisation: « si treize candidats soutenus par près de 70 partis politiques et organisations de la société civile n’ont réussi a mobiliser que 2.500 personnes, cela prouve qu’Abdoulaye Wade est largement majoritaire et que le peuple sénégalais refuse l’aventure ».
Le M23 devait réunir mercredi « un comité de crise » pour évaluer la suite à donner à la manifestation.
Mais certains de ses responsables reconnaissent désormais ouvertement la faiblesse intrinsèque du mouvement, coalition hétéroclite d’associations citoyennes, souvent jusqu’au boutiste contre Wade, et de partis politiques plutôt soucieux de protéger leurs propres intérêts.
Face à « la répression du gouvernement », le M23 va « désormais devoir développer une nouvelle stratégie », selon son porte-parole.
Des organisations locales de défense des droits de l’Homme ont condamné les « violences » de la police, affirmant que le manifestant tué avait été « délibérément » écrasé par un camion de police.
Avec ce décès, ce sont donc quatre personnes, dont un policier, qui ont été tuées en quatre jours au Sénégal dans des violences liées aux tensions politiques à l’approche de la présidentielle.
Ces violences avaient éclaté le 27 janvier à Dakar et dans d’autres villes à l’annonce de la validation de la candidature Wade.
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon s’est dit « préoccupé par la montée des tensions » dans le pays.
Le Sénégal est ouvert aux conseils « mais n’acceptera pas de diktat » de l’étranger, a prévenu le ministre des Affaires étrangères Madické Niang, après des déclarations de responsables américains et français sur le sujet.
Le Sénégal est un « pays souverain » qui « n’a de leçon de démocratie à recevoir de personne », a-t-il souligné.
Ignorant ces critiques et reprenant presque mot pour mot une déclaration des Etats Unis lundi, la France a fait savoir au Sénégal qu’elle souhaitait un « passage de générations » à la tête de l’Etat sénégalais, assurant que « le message a été entendu à Dakar », selon le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé.
AFP