
Ce village nigérien à une dizaine de kilomètres de la frontière malienne abrite environ 6.000 personnes, sur près de 10 000 Maliens et Nigériens qui ont fui les combats entre l’armée malienne et des groupes armés dans le nord du Mali depuis l’offensive des rebelles, le 17 janvier, la première depuis 2009.
En caressant son enfant épuisé par la faim et la diarrhée, la jeune mère jure de ne pas rentrer « avant le retour de la paix » à Adramboucar, sa localité occupée depuis fin janvier par les rebelles maliens, à 8 km du Niger.

« Les rebelles tiraient à tue-tête comme des drogués et ce n’était guère rassurant », se souvient Agyachatou, une Malienne de 45 ans qui vivait près de Menaka, arrivée avec ses dix enfants.
« Débandade » des militaires
« Les derniers arrivants nous ont dit que les rebelles sont très fortement armés et ont positionné des armes lourdes sur les hauteurs d’Adramboucar », indique Seïni Abdoul-Hassane, jardinier malien de 32 ans. « Les autorités et les soldats ont fui ».
Assis sur une natte avec quelques notables touareg, refugiés comme lui, le maire d’Adramboucar, Aroureïny Ag Hamatou, en boubou blanc et turban noir, raconte: « quand les rebelles sont venus, ils ont attaqué le camp militaire. Les militaires n’ont pas résisté et c’était la débandade ».
Bilan de ce sauve-qui-peut: selon le chef du village de Chinégodar, Abdoulaye Mohamed, 18 militaires maliens arrivés de la zone de Menaka attendent d’être rapatriés vers Bamako. Une quarantaine de soldats et leurs familles ont déjà transité par Chinégodar et été acheminés par avion dans la capitale malienne.

« La situation est catastrophique, il y a eu des dégâts énormes sur les infrastructures économiques et sociales », déplore le maire d’Adramboucar, qui souligne que sa ville « s’est vidée d’une grande partie de ses 34.000 habitants ».
Le chef du village de Chinégodar appelle « le président (nigérien) Mahamadou Issoufou à renforcer le dispositif de sécurité » dans sa zone, jadis attaquée par les rebelles touareg du Niger.
Et l’exode n’en finit pas. Ahmad Issa, un jeune d’Adramboucar, arrive encore avec une douzaine de personnes. « Les rebelles ont demandé à la population de ne pas paniquer et de rester chez elle, mais les gens continuent de fuir ».
AFP