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Afrique du Sud: 18 ans de prison pour le meurtre d'une lesbienne des townships

Afrique du Sud: 18 ans de prison pour le meurtre d'une lesbienne des townships
La justice sud-africaine a infligé mercredi 18 ans de prison aux quatre accusés du meurtre d’une jeune lesbienne, lynchée à mort il y a six ans dans la plus grande township noire jouxtant Le Cap, Khayelitsha. Ce drame de l’intolérance et de la pauvreté dans un pays pourtant doté depuis la fin de l’apartheid d’une des Constitution les plus libérales au monde, avait mis en lumière le climat de rejet, allant jusqu’à la violence physique et au viol, vécu par les homosexuelles noires en Afrique du Sud.
Après six ans de procédure, quatres hommes ont été reconnus coupables d’avoir lapidé, frappé puis poignardé la jeune Zoliswa Nkonyana, dont le martyr en a fait un symbole pour les associations gays.
Trois autres accusés, présents au moment des faits, ont été acquittés, faute de preuve de leur participation au meurtre.
Le soir du 4 février 2006, Zoliswa était sortie boire un verre, mais pas dans l’un des nombreux bars gays qui font la fortune touristique du Cap.
Dans la taverne de sa township, elle a été prise à partie à propos de l’usage des toilettes de femmes. L’agressivité montant, elle et une amie sont parties, puis se sont séparées et c’est là qu’une vingtaine de jeunes gens l’ont battue et tué, selon le récit du quotidien en ligne Daily Maverick, citant le parquet.
Après cinquante reports du procès, dont la lenteur n’a cessé d’être dénoncée par les militants gays, le parquet avait requis lundi une peine de 15 ans de prison, déplorant notamment l’absence de remords exprimés par les accusés.
Le tribunal de Khayelitsha est allé au-delà des réquisitions, infligeant 18 ans de prison dont quatre avec sursis, à la satisfaction des associations.
« C’est un message très fort », a déclaré à l’AFP David von Burgsdorff, membre de l’association People Against Suffering, Oppression and Poverty.
« Je n’aurais pas imaginé que le braconnage de rhinocéros puisse être condamné plus lourdement que le meurtre de quelqu’un. C’est un peu choquant mais le jugement aurait aussi pu être plus clément. Il nous satisfait », a-t-il ajouté.
Le jugement de Khayelitsha intervient au lendemain de la condamnation à 25 ans de prison de trois jeunes braconniers mozambicains, arrêtés en possession de deux cornes de rhinocéros.
« C’est une vraie victoire pour nous », a aussi estimé Jayne Arnott, dirigeant de l’association gay, Triangle Project, selon qui le jugement créer un précédent, même si ce n’est pas la plus lourde peine prononcée dans ce type d’affaire.
Le jugement a consacré « le droit de Zoliswa de vivre ouvertement comme elle l’avait choisi » et « à notre connaissance, c’est le premier cas où la haine basée sur l’orientation sexuelle est considérée comme une circonstance aggravante », a-t-il à l’AFP.
En 2009, l’assassin d’une footballeuse homosexuelle, Eudy Simelane, victime d’un viol collectif en avril 2008 dans une township proche de Johannesburg, avait été condamné à la perpétuité et son complice à 32 ans de réclusion.
Selon un récent rapport d’Human Rights Watch (HRW), les violences dont les lesbiennes noires sont régulièrement victimes, notamment les « viols correctifs » censés les ramener sur le chemin d’une sexualité jugée plus normale, se produisent surtout à la campagne ou dans les zones les plus pauvres.
La police est de plus peu disposée à les défendre, ce qui renforce leur vulnérabilité et la vie, si l’on n’appartient pas à la classe moyenne noire, est synonyme de « peur et intimidation », selon HRW.
Depuis la fin de l’apartheid, l’Afrique du Sud place les homosexuels sur un strict pied d’égalité. Le pays autorise les couples du même sexe à se marier, à adopter et même faire appel à une mère porteuse.

AFP

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