mercredi, octobre 16, 2024
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Afrique du Sud: une syndicaliste abattue à la mine de Marikana

Afrique du Sud: une syndicaliste abattue à la mine de Marikana
Une syndicaliste a encore été abattue lundi à la tristement célèbre mine de Marikana, dans le nord de l’Afrique du Sud, régulièrement endeuillée par un sanglant conflit syndical, un an après une fusillade policière qui y a fait 34 morts.
Tuée devant chez elle, Nbongile Madolo était une responsable du Syndicat national des mineurs (NUM), l’ancienne organisation majoritaire. Elle avait la charge de six enfants. 
« C’est la première fois qu’une femme est tuée, et c’est choquant », a indiqué à l’AFP Thandi Mateyisa, une nièce de la victime.
« Tout le monde a peur, tout le monde a peur. De ce qui vient juste d’arriver. Si vous commencez à parler, à faire quoi que ce soit, vous ne savez pas ce qui peut vous arriver », a-t-elle ajouté.
Le NUM, proche du pouvoir, est opposé à Amcu, une organisation radicale qui a organisé la grande grève de 2012 et est devenu le syndicat principal à Marikana. Leur bataille prend souvent des allures de guerre des gangs.
Le 16 août 2012, la police sud-africaine avait abattu 34 grévistes devant cette mine de platine exploitée par le groupe britannique Lonmin, faisant également 78 blessés. Des affrontements avaient déjà fait 10 morts la semaine précédente.
La grève de Marikana est finie depuis octobre 2012, mais intimidations, agressions et attaques entre syndicaux rivaux y sont quasi quotidiennes. On a compté une vingtaine de morts depuis un an. 
Climat de terreur
Mbulelo Nqapo, l’un des responsables locaux du NUM a ainsi été assassiné en juin devant son bureau, le corps criblé de onze balles.
« Je suis la prochaine cible. Ils l’ont dit: après Mbulelo, le prochain sur la liste, c’est moi », assurait récemment son supérieur, le secrétaire de section Sisa Buyeye, se souvenant des menaces à répétition proférées contre son collègue par des grévistes ayant rejoint les rangs d’Acmu.

Afrique du Sud: une syndicaliste abattue à la mine de Marikana
Le corps en décomposition, pieds et poings liés, d’un membre d’Amcu a également été retrouvé en juin près d’une autre mine à quelques dizaines de kilomètres.
Dans ce climat de terreur, nombre de syndicalistes ont pris la fuite, alors que la police semble impuissante. Ceux qui sont restés sur place refusant de révéler leur identité ou de donner des preuves des agressions subies afin de préserver leur sécurité. 
D’où les difficultés de la commission d’enquête, mise en place par le président Jacob Zuma pour faire la lumière sur le drame d’août: après des mois de travaux, elle est encore loin de pouvoir rendre ses conclusions. Des parties se sont retirées faute d’argent et les témoins clés disparaissent les uns après les autres.
 
Multiplication de suicides
Daluvuyo Bongo, un permanent du NUM, a été abattu quelques jours après avoir participé à une reconstitution de la tuerie conduite par le président de la commission d’enquête, le juge Ian Farlam.
Mawethu Steve, membre d’Amcu et important témoin de l’enquête, a lui été assassiné dans un bar près de Marikana en mai, avant même d’avoir été entendu.
Et cette violence ne se limite pas au milieu syndical. Le sangoma (guérisseur traditionnel) Alton Joja, qui avait « envoûté » les mineurs afin de les « protéger » contre les balles des policiers en août 2012, a également été retrouvé mort.
Un autre phénomène vient encore davantage endeuiller la région: la multiplication des suicides. L’AFP en a compté sept. Deux témoins convoqués par la commission Farlam et deux survivants déboussolés de la tuerie du 16 août ont notamment mis fin à leurs jours.
Amcu, insignifiant il y a encore un an, est devenu majoritaire dans la région minière où se situe Marikana. Il revendique maintenant 120.000 adhérents au niveau national, contre 270.000 au NUM.
Et dans les états-majors des syndicats ou de l’ANC -le parti au pouvoir, allié du NUM-, les discours restent guerriers.
« Des membres de l’ANC nous ont traités de cafards, disant que nous devions être éradiqués. (…) Je suis sûr que tout le monde se souvient de ce qui c’est passé au Rwanda, où des gens ont été appelés cafards et serpents. Un million de gens sont morts », a encore mis en garde vendredi le président d’Amcu Joseph Mathunjwa, cité dans la presse sud-africaine.
afp

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