Benoît XVI a été follement acclamé mercredi par une foule de plus de cent mille personnes venue lui rendre hommage pour sa dernière apparition sur la place Saint-Pierre, à la veille de sa démission historique dans une période d’incertitude pour l’Eglise.
Faisant un tour de la majestueuse place en papa-mobile décapotée sur les côtés, le pape, qui paraissait frêle à l’approche de ses 86 ans, a été acclamé pour sa 348e audience générale par une foule estimée à plus de 100.000 fidèles et touristes, brandissant des drapeaux ou banderoles disant « Merci » dans toutes les langues.
Dès les premières heures de la matinée, par un temps frais mais limpide, des fidèles venus en majorité de Rome avaient commencé à s’approcher de Saint-Pierre, pour assister à ce moment historique et emprunt d’émotion.
La place comme la via della Conciliazione, la grande avenue menant du Tibre au Vatican était noire de monde. Des paraboles de télévision et des écrans géant étaient là, comme pour les funérailles de Jean Paul II en 2005 ou sa béatification en 2011.
Cette audience de mercredi respecte le même déroulé que les autres depuis huit ans, même si Joseph Ratzinger a fait un tour un plus long en papa-mobile. Elle ne prévoit pas à la fin de « baciamano », ce défilé de personnes qui ont le privilège de baiser l’anneau du pape.
Le pape allemand, qui aura régné huit ans, a pris la décision historique de démissionner. Il est le premier pontife à le décider librement en sept siècles.
Même s’il y avait une majorité des Romains, on entendait dans la foule parler beaucoup de langues. Des familles, des couples, des religieux, des prêtres, des séminaristes et des bonnes s?urs, étaient là et scandaient « Benedetto, Benedetto ».
Dans une interview à Radio Vatican, le cardinal français Jean-Louis Tauran, qui a été nommé « protodiacre » et sera chargé à l’issue du prochain conclave de révéler le nom du 266e pontife, a rendu hommage au « pape de l’essentiel, qui nous a invités à retrouver nos racines spirituelles et à conjuguer foi et raison ».
Alors que l’hebdomadaire français La Vie a défini Benoît XVI comme « le pape moine »‘, le cardinal et ancien théologien de la Maison pontificale George Cottier a estimé au quotidien Reppublica que Benoît XVI démissionne « pour appeler toute l’Eglise à la pénitence », à « réfléchir sur elle-même, en conscience devant Dieu ».
Le pape avait annoncé le 11 février qu’il n’avait plus les forces d’assumer sa fonctions face aux défis d’un monde en pleine mutation. Son départ a créé la stupeur, y compris au sein de l’Église qui n’avait jamais assisté depuis le Moyen-Age à une démission volontaire d’une pontife.
De nombreuses personnalités devraient être présentes, comme le nouveau président de l’Institut pour les oeuvres de religion (IOR), la banque du Vatican, l’industriel allemand Ernst von Freyberg.
Jeudi, Joseph Ratzinger quittera le Vatican, sans cérémonie, pour se retirer sous le titre de « Sa Sainteté Benoît XVI, pape émérite » dans sa résidence d’été de Castel Gandolfo. Puis il s’installera dans un monastère, caché aux yeux du monde, sur la colline du Vatican.
Avec une simplicité correspondant à son tempérament, le pape mettra fin à ses fonctions jeudi à 19H00 GMT. Rien ne marquera cet instant.
Un conclave doit se réunir en mars, à une date encore inconnue.
Le Vatican espère que le successeur sera élu rapidement et pourra célébrer Pâques à la fin mars, alors que l’Église, confrontée à de nombreux scandales, a besoin d’un nouveau chef pour diriger la barque de 1,2 milliard de catholiques.
AFP