La gauche italienne arrive largement en tête des élections législatives, tant à la Chambre des députés qu’au Sénat, selon des sondages de sortie des bureaux de vote publiés lundi, qui soulignent également le boom du vote protestataire.
La coalition de gauche emmenée par le dirigeant du Parti démocrate (PD) Pier Luigi Bersani récolterait 34,5% des votes, devançant la coalition de droite de Silvio Berlusconi donnée à 29%, selon ces sondages de la chaîne de télévision Sky TG-24.
La gauche aurait ainsi une majorité de sièges à la Chambre des députés (dont le système électoral donne une prime à la coalition arrivée en tête), mais aussi au Sénat (au système électoral plus complexe), avec 163 sièges (+ 5 par rapport à la majorité de 158).
Selon un autre sondage réalisé par la chaîne de télévision publique RAI, la coalition de gauche est créditée à la Chambre de 35 à 37% des voix contre 29% à 31% à la coalition du Cavaliere.
La RAI donne elle aussi la gauche en tête à la Chambre haute du Parlement avec 36% à 38% des voix contre 30% à 32% pour la droite, ainsi qu’une forte poussée du vote protestataire: le parti de l’ex-comique Beppe Grillo, le Mouvement cinq étoiles (M5S), obtiendrait près de 20% des voix, devançant ainsi largement la coalition centriste emmenée par le chef du gouvernement sortant Mario Monti, qui n’arrive qu’en 4e position avec près de 10%.
En attendant les premières projections prévues vers 15H00 GMT, ces premiers chiffres semblent assurer l’Italie d’un gouvernement de centre-gauche, stable, sans nécessité d’alliance plus large.
Ce scrutin est observé de près par les marchés financiers et par les partenaires de l’Italie qui s’interrogent sur le futur de la troisième économie de la zone euro, très endettée (plus de 120% du PIB). A l’annonce des premières simulations, la Bourse de Milan a réagi favorablement en bondissant de 3,5%.
La forte poussée de Beppe Grillo marque le succès de son « tsunami tour » en camping-car dans toute la péninsule. Après avoir voté lundi vers 10H00 GMT entouré d’une foule de journalistes. il a lancé: « l’histoire va changer un peu, on verra comment ».
Catalyseur du malaise social d’un pays en pleine récession économique (-2,2% en 2012), il a séduit au-delà des clivages droite-gauche avec un programme jugé « populiste » par ses adversaires: fin du financement aux partis politiques, coupes sombres dans le nombre d’élus, revenu minimum de 1.000 euros et référendum sur l’euro.
La crise et les mesures d’austérité imposées ces 15 derniers mois par le gouvernement technique de Mario Monti ont d’ailleurs énormément conditionné ces élections.
Silvio Berlusconi, parti sous les huées en novembre 2011 en laissant une Italie au bord de l’asphyxie financière, avait effectué une remontée spectaculaire en promettant d’abaisser les impôts et même de rembourser une taxe foncière rétablie par le gouvernement Monti.
Quant au « Professeur » qui jouissait d’une solide popularité pour avoir restauré la crédibilité de l’Italie, il a pâti des effets de sa politique d’austérité.
AFP