Policiers et manifestants réclamant des réformes politiques et sociales se sont affrontés lundi soir devant le palais présidentiel au Caire, à l’occasion du deuxième anniversaire de la chute de l’ancien président égyptien Hosni Moubarak.
La police a fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogène pour disperser des groupes de manifestants qui lançaient des projectiles sur le palais d’al-Ittihadiya à Héliopolis, banlieue cossue du Caire, selon des images en direct de la télévision publique.
En début de soirée, les policiers anti-émeutes, dont beaucoup portaient des masques à gaz, avaient repoussé les contestataires de la grande avenue longeant le palais, mais certains se trouvaient toujours dans les rues adjacentes.
Le ministère de l’Intérieur a estimé dans un communiqué qu’une « minorité en colère » avait déclenché les heurts en essayant d’enlever des fils barbelés devant la grille du palais, devenu l’un des principaux points de ralliement des opposants au président islamiste Mohamed Morsi. Des manifestations violentes, parfois meurtrières, y ont été organisées ces derniers mois.
Les manifestations de lundi ont drainé beaucoup moins de monde que les rassemblement massifs en novembre et décembre pour protester contre l’élargissement temporaire des pouvoirs de M. Morsi.
Outre les centaines de personnes ayant défilé vers le palais, un millier de manifestants s’étaient dirigés vers la place Tahrir, épicentre des manifestations de janvier-février 2011.
« La révolution continue », pouvait-on lire sur certaines pancartes, tandis que des manifestants scandaient « une fois le sang versé, il n’y a plus de légitimité ».
Des mouvements et partis de l’opposition avaient appelé à manifester pour demander au président Morsi, issu des Frères musulmans, un mouvement longtemps interdit, de réaliser les objectifs de la révolte populaire qui lui a permis d’accéder au pouvoir.
Parmi leurs principales revendications: la mise en place d’un nouveau gouvernement, d’union nationale cette fois, des amendements à la Constitution rédigée par une commission dominée par les islamistes et le limogeage du Procureur général nommé par M. Morsi.
Les protestataires sont également furieux que personne n’ait eu à rendre de comptes pour la mort de dizaines de manifestants ces derniers mois lors de heurts avec la police.
Les villes du canal de Suez notamment ont été le théâtre d’une vague de heurts qui ont fait des dizaines de morts fin janvier, après les manifestations marquant les deux ans du début de la révolte populaire en Egypte.
Les autorités avaient renforcé la sécurité autour de plusieurs bâtiments publics du Caire.
Un pont important de la capitale a temporairement été bloqué, selon des témoins et la télévision d’Etat, par des manifestants qui ont également perturbé brièvement la circulation du métro dans un station du Caire.
Il y a deux ans, des centaines de milliers d’Egyptiens étaient descendus dans la rue pour célébrer la démission de M. Moubarak, convaincus que le changement démocratique était à portée de main.
Aujourd’hui, beaucoup se disent en colère et frustrés de voir que les principaux objectifs du soulèvement –la liberté et la justice sociale– n’ont toujours pas été réalisés et que le pays est divisé entre les partisans islamistes de M. Morsi et une opposition hétéroclite, en majorité libérale et de gauche.
En plus de la crise politique, le pays traverse une grave crise économique en raison notamment de l’effondrement des investissements étrangers et de la chute du tourisme.
Hosni Moubarak, 84 ans, malade et condamné à la prison à perpétuité, attend quant à lui un nouveau procès dans l’indifférence d’une grande partie de la population, pour qui il appartient déjà au passé.
AFP