« Mon Dieu, mon Dieu, donne-moi la tourmente/Donne-moi la souffrance/Et puis la gloire au combat »: sous la voûte de l’église Saint-Paul, « la Prière du para » a saisi à la gorge les centaines de civils et militaires qui assistaient jeudi à Perpignan aux obsèques d’un des commandos français tués lors du raid infructueux destiné à libérer l’agent Denis Allex en Somalie.
« La Prière du para », ce chant martial qui parle de courage, de force et de foi et demande à Dieu de donner « ce dont les autres ne veulent pas », le capitaine Patrice Rebout, membre du service action de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure), n’avait pas sept ans qu’il la chantait déjà, a raconté son père, submergé par le chagrin, lors d’une cérémonie révélant le parcours d’un garçon destiné à la carrière militaire et au combat, jusqu’à y mourir.
« Dès ton plus jeune âge, ton chemin était tracé et tu savais, et nous savions, que tu serais soldat », a dit son père, ancien militaire lui-même.
Le capitaine Rebout, 38 ans, est tombé avec l’un de ses camarades au cours du raid mené par une cinquantaine de commandos français dans le sud de la Somalie dans la nuit du 11 au 12 janvier pour tenter, en vain, de libérer l’otage Denis Allex, aux mains des islamistes somaliens.
Denis Allex (très vraisemblablement un pseudonyme), un agent de la DGSE enlevé en juillet 2009 dans la capitale somalienne Mogadiscio, a été tué par ses geôliers au cours de l’opération, selon le ministère de la Défense.
Le capitaine Rebout appartenait lui-même au Centre parachutiste d’instruction spécialisée (CPIS), l’une des composantes du service action (ex-11ème Choc) de la DGSE qu’il avait rejoint en 2008.
Des centaines de soldats et civils se sont pressés jeudi matin dans l’église de la ville nouvelle du Moulin-à-vent au sud de Perpignan, là où vit sa famille, sa compagne et leur petit garçon, pour entendre l’éloge d’un homme fidèle, d’humeur égale et qui avait toujours eu l’étoffe d’un chef, selon les témoignages.
Impossible de dire combien il y avait là d’hommes du CPIS, habitués au secret. Mais les nombreux camarades en uniforme du 8ème Régiment de parachutistes d’infanterie de marine (RPIMa) de Castres (Tarn), la ville où il avait grandi et où il s’était engagé au « 8 » après son bac, étaient venus signifier que le capitaine Rebout faisait partie de la famille des parachutistes.
Avec le « 8 », Patrice Rebout a été déployé dans les Balkans et au Gabon. « En 2008, toujours à la recherche de l’excellence, il décide de rejoindre le service action de nos services spéciaux », a relaté le général François Cann, le parrain de sa promotion et le président de l’amicale des anciens du « 8 ».
Les engagements de Patrice Rebout pour le service action ne seront pas évoqués, pas plus que la Somalie, sinon par un « là-bas », où il a perdu la vie.
« C’est une douleur absolue, même si elle se trouve atténuée par la fierté de voir Patrice partir en héros », a dit le général Cann.
Un ancien compagnon d’armes a salué « un homme d’honneur, un héros, un frère, dans lequel aujourd’hui nous puisons les raisons d’espérer ». Puis ses camarades ont formé une haie d’honneur à la sortie de son cercueil, avant que les porte-drapeaux n’inclinent leurs enseignes sur sa dépouille.
La tentative de libération de Denis Allex a coïncidé avec l’intervention militaire française au Mali. Mais Paris assure que les deux opérations n’avaient aucun lien.
Le corps du capitaine Rebout devait être incinéré dans l’intimité familiale.
AFP