Le Soudan du Sud a affirmé dimanche avoir expulsé une employée des Nations unies présente dans le pays pour enquêter sur la situation des droits de l’Homme, estimant qu’elle produisait des rapports « non éthiques » et « non vérifiés ».
« C’est la première personne à être déclarée persona non grata sur la question des droits de l’Homme (…). Elle a fait des rapports sur des questions de droits de l’Homme qu’elle n’a pas pu vérifier et qu’elle a publiés sans justification », a affirmé à l’AFP le porte-parole du gouvernement sud-soudanais, Barnaba Marial Benjamin.
« Cela n’est pas éthique », a-t-il poursuivi.
L’information a été confirmée par la mission de maintien de la paix de l’ONU au Soudan du Sud (Minuss).
Cet « ordre (d’expulsion) viole les obligations légales du gouvernement, » a déploré Hilde Johnson, représentante spéciale de l’ONU pour le Soudan du Sud, qui dit avoir demandé des explications au jeune Etat, devenu indépendant du Soudan en juillet 2011 après près d’un demi-siècle de lutte armée.
« Contrôler, enquêter et rendre compte de la situation des droits de l’Homme (…) fait partie des éléments de base du mandat de la Minuss qui doivent être protégés, » a-t-elle poursuivi dans un communiqué diffusé par la Minuss.
Dans ce communiqué, la mission onusienne rappelle aussi que « les violations des droits de l’Homme et la discrimination ont été au coeur de la lutte des Sud-Soudanais pendant les décennies de guerre civile. »
Alors que circulent des informations sur le harcèlement de médias, ou des cas de torture de membres de la société civile, des voix se sont élevées ces derniers mois pour demander au pays de ne pas répéter les erreurs de Khartoum.
« Notre respect des droits de l’Homme est inscrit dans notre Constitution, » a rétorqué dimanche le porte-parole du gouvernement sud-soudanais.
L’employée expulsée, qui a déjà quitté le pays, « n’a pas respecté ce qui avait été conclu entre l’ONU et la République du Soudan du Sud, » a-t-il affirmé, sans cependant donner plus de détails.
Interrogé sur les rapports que le gouvernement contestait, M. Benjamin n’a pas été en mesure de répondre.
Il a notamment refusé de dire si l’expulsion de l’employée de l’ONU avait un lien avec un rapport publié en août par la Minuss, dénonçant des violences militaires contre une minorité ethnique dans l’Etat sud-soudanais instable de Jonglei.
« Elle sait ce sur quoi elle a fait des rapports, vous pouvez demander à l’ONU (…) Je ne peux pas citer de rapport » en particulier, a poursuivi le porte-parole.
Un porte-parole de la Minuss a affirmé ne pas connaître clairement non plus les raisons de l’expulsion.
AFP