Un double attentat suicide a frappé samedi un restaurant de la capitale somalienne Mogadiscio fréquenté par une clientèle somalienne aisée, faisant plusieurs blessés, a-t-on appris auprès d’un policier et de témoins.
« Deux kamikazes ont attaqué le restaurant, » a affirmé Abdi Adan, le policier. Les deux kamikazes « sont morts et d’autres personnes qui se trouvaient sur place ont été blessées, » a-t-il ajouté.
L’établissement visé porte le nom de Café des Sports et appartient au même propriétaire qu’un autre établissement de la capitale Mogadiscio, Le Village, visé par un autre double attentat suicide en septembre. L’attaque de septembre avait fait au moins 18 morts, parmi lesquels trois journalistes.
« Il y a eu un échange de coups de feu avant les fortes explosions, » a raconté samedi Idle Husien, un témoin, affirmant avoir vu des « blessés et les corps déchiquetés des deux kamikazes, » a-t-il ajouté.
Un autre témoin, Ahmed Salad Ibrahim, a affirmé qu’un garde de sécurité du restaurant avait également été tué, ce que la police ne confirmait pas à ce stade.
« J’étais assis à l’intérieur du restaurant quand des coups de feu ont éclaté au niveau du portail » du restaurant, a précisé cet autre témoin.
« Nous nous sommes levés et nous nous sommes précipités pour voir ce qui se passait, » a-t-il poursuivi. « J’ai vu le garde saisir le kamikaze avant que celui-ci ne se fasse exploser (…) Un autre kamikaze s’est fait exploser à l’extérieur. »
« Beaucoup de civils ont été blessés, mais je ne peux pas dire exactement combien, » a encore ajouté Ahmed Salad Ibrahim.
Le propriétaire des restaurants visés samedi et en septembre, Ahmed Jama, est un membre de la diaspora somalienne, revenu du Royaume-Uni, où il avait été formé comme chef cuisinier.
Plusieurs articles de presse ont été consacrés au patron des deux établissements ces derniers temps. Le restaurateur était décrit comme un symbole de la timide renaissance de la capitale somalienne, ravagée par plus de 20 ans de guerre civile et de combats.
Les combats urbains ont cessé dans Mogadiscio depuis que les insurgés islamistes shebab en ont été chassés par l’embryon d’armée somalienne, épaulée par la force de l’Union africaine (Amisom), en août 2011.
Combattus également par l’armée éthiopienne, entrée il y a un an en Somalie, les insurgés ont perdu depuis la quasi-totalité de leurs bastions, mais contrôlent encore de vastes zones du sud et du centre du pays. Et depuis leur retrait de Mogadiscio, ils ont multiplié les opérations de guérilla et les attentats.
L’attaque de samedi est intervenue alors qu’est attendue la formation d’un nouveau gouvernement somalien.
La Somalie, privée de gouvernement central et plongée dans le chaos depuis la chute du président Siad Barre en 1991, s’est dotée à l’été d’un nouveau Parlement et d’un nouveau président – élu pour la première fois à Mogadiscio – dans le cadre d’un processus censé enfin installer des institutions pérennes en Somalie.
AFP