Barack Obama et Mitt Romney se préparaient dimanche pour leur dernier débat lundi sur la politique étrangère où le républicain devrait tenter de contester le bilan du président en l’attaquant une nouvelle fois sur l’attentat de Benghazi le 11 septembre en Libye.
M. Obama est retranché depuis vendredi à la résidence présidentielle de Camp David (Maryland, est) avec ses plus proches conseillers, tandis que M. Romney s’est installé à Boca Raton en Floride (sud-est) où se tiendra lundi soir leur troisième et dernière confrontation.
La politique étrangère, contrairement à l’économie, n’est pas considérée comme un facteur décisif dans le choix des électeurs américains, sauf situation grave, comme l’avait appris à ses dépens Jimmy Carter en 1980, lors de la longue crise des otages en Iran. George W. Bush, en 2004, avait au contraire profité de l’effet de rassemblement en période de guerre en Irak.
Mais l’enjeu de ce débat reste important à 15 jours de l’élection du 6 novembre avec des sondages montrant les deux candidats au coude-à-coude. Le président avait raté sa première prestation avant de se rattraper lors du second débat le 16 octobre.
M. Obama saura faire valoir qu’il a tenu des promesses emblématiques comme le retrait d’Irak et l’engagement de la transition en Afghanistan, et a engrangé des succès contre Al-Qaïda.
La mort d’Oussama ben Laden en mai 2011 a en grande partie tué dans l’oeuf les reproches traditionnels que les républicains font aux démocrates: leur prétendue mollesse en matière de sécurité.
Lundi, « Barack Obama va jouer la partition qui lui est donnée spontanément: c’est le commandant en chef des armées, il a ordonné le raid sur Ben Laden, les frappes de drones contre (l’imam yéménite Anwar) Al-Aulaqi et des milliers d’autres » suspects d’appartenance à la nébuleuse extrémiste, prédit Justin Vaïsse, du centre de réflexion Brookings.
Depuis le début de la campagne, M. Romney cherche tout de même à écorner cette image, notamment en mettant en cause la stratégie de l’administration démocrate dans le dossier iranien. Aujourd’hui, « l’Iran est quatre années plus proche d’une bombe nucléaire », a-t-il assuré pendant le second débat.
Un développement de dernière minute pourrait s’inviter lundi avec un accord de l’Iran pour des négociations directes avec les Etats-Unis sur son programme nucléaire. Cette information samedi soir du New York Times a toutefois été doublement démentie par la Maison Blanche et par Téhéran.
M. Romney, qui accuse M. Obama d’avoir « laissé tomber » Israël, lui reproche également son inaction en Syrie, entre autres développements violents du « printemps arabe ». Sa stratégie au Moyen-Orient « est en train de s’effondrer sous nos yeux », avait-il taclé le 16 octobre.
Mais l’angle d’attaque favori de M. Romney est l’attaque du consulat américain de Benghazi qui a coûté la vie le 11 septembre à quatre Américains, dont l’ambassadeur en Libye.
Le républicain devrait revenir à la charge, après avoir accusé M. Obama d’avoir tardé à qualifier cette attaque de « terroriste ». M. Obama avait en fait utilisé cet adjectif dès le lendemain de l’attaque.
Les candidats reprendront mardi matin leur campagne, sur un rythme de plus en plus frénétique. Le président a notamment prévu de se rendre dans six Etats entre mardi et jeudi, de la Floride à l’Ohio en passant par le Colorado, le Nevada, la Virginie et l’Illinois.
A part ce dernier, le fief de M. Obama où il votera en avance jeudi, ces territoires sont considérés comme potentiellement décisifs dans une élection organisée Etat par Etat. A ce jeu, M. Obama détient toujours un avantage sur
son adversaire, malgré leur égalité quasi parfaite dans les sondages nationaux.
Son comité de campagne, en septembre, a dépensé 116 millions de dollars soit deux fois plus que Mitt Romney. Ce dernier, qui tenait samedi soir sa dernière soirée de levée de fonds, a amassé 170 millions de dollars en septembre tandis qu’Obama engrangeait la somme gigantesque de 181 millions de dollars de dons.
AFP