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Libye: à l'Université, le long apprentissage de la démocratie

Libye: à l'Université, le long apprentissage de la démocratie

Les portraits de Mouammar Kadhafi ont disparu de l’Université de Tripoli, où les étudiants découvrent la liberté d’expression, mais la route est encore longue vers l’apprentissage de la démocratie et la mise en place d’un enseignement de qualité.

Le rouge, le noir et le vert, symboles de la révolte de 2011 qui a mis fin à une dictature étouffante de 42 ans, ornent désormais les couloirs et l’ambiance a changé dans les amphithéâtres.

L’enseignement ne tourne plus autour de l’analyse des positions politiques et économiques du dictateur telle qu’exposées dans son manifeste, le « Livre vert », et ses discours sans fin.

Les mentalités commencent à changer, même s’il faudra probablement des années pour réformer le système.

Ainsi, exprimer des vues dissidentes ne conduit plus à la prison.

« Le principal changement est qu’on a maintenant la liberté de s’exprimer et de manifester », relève une étudiante en droit, Naurouz Saïd.

Ahmed al-Atrach, professeur de sciences politiques, explique que si l’université permet désormais à ses étudiants de manifester, elle promeut également le concept d’expression civilisée pour éviter les perturbations.

« Nous ne connaissons pas le b.a.-ba de la démocratie », ajoute M. Atrach, qui tente d’inculquer à ses étudiants la notion de « dialogue démocratique et civilisé ».

De telles enseignements sont indispensables dans un pays où la liberté d’expression n’existait pratiquement pas, et où, enfin libérés, de nombreux Libyens, dont les étudiants, n’hésitent plus à faire entendre leur voix.

Les cortèges, petits, indisciplinés et parfois armés, rythment la vie de la capitale libyenne depuis la chute de Kadhafi. A Benghazi, capitale de l’Est libyen et berceau de la révolte, les manifestations de masse, comme celles favorables ou hostiles à une armée nationale formée d’anciens rebelles, ont fait la une de la presse internationale.

Mahmoud Ramadan, professeur d’agronomie et candidat aux élections législatives de juillet, estime qu’un système éducatif de qualité nécessite un gouvernement stable et un changement de mentalités.

« Certains pensent que la liberté signifie pouvoir tout faire (…) mais la démocratie a ses règles », ajoute M. Ramadan, pour qui le véritable défi consiste à venir à bout de la culture de favoritisme à l’université.

Dans le passé, ceux qui étaient proches du régime de Kadhafi obtenaient facilement diplômes et bourses. Aujourd’hui, ce sont ceux qui ont combattu ce régime qui veulent profiter de ces facilités, note-t-il.

Les nouvelles autorités en charge de l’enseignement veulent davantage de bourses et de programmes axés sur les nouvelles technologies et les langues, nécessaires dans un pays dont le développement dépend du pétrole et du secteur privé.

Le vice-ministre de l’Enseignement supérieur est conscient de l’ampleur de la tâche: gérer 530.000 étudiants, avec une nouvelle bureaucratie et de vieilles habitudes de corruption.

« Le changement se fait lentement », souligne Fathi Akkari, qui doit commencer par faire revenir sur les bancs de l’université les milliers d’étudiants qui les avaient désertés pendant le conflit. « Nous faisons face à de nombreux problèmes et tout ne se règle pas en une année », reconnaît M. Akkari.

Favoritisme, tricherie et incompétence ont régné en maîtres pendant quatre décennies, soulignent des professeurs, et changer ces réalités pourrait prendre une génération.

Les étudiants, devenus plus exigeants, veulent un enseignement de qualité.

Ziyad Belazi, un étudiant en médecine, regrette que les plans pour améliorer l’enseignement n’aient pas été appliqués.

« Nous voulons avant tout de nouveaux laboratoires et de bons professeurs », renchérit Elham Fawzi, de la même faculté.

Elle esti
me l’apprentissage de l’anglais, marginalisé sous le régime de Kadhafi, indispensable à l’obtention d’un bon emploi. « Je n’ai pas étudié pendant des années pour rester à la maison », maugrée-t-elle, inquiète du fort taux de chômage dans le pays. 

AFP 

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