La décision du Ghana de retenir la frégate argentine « Libertad » « viole les normes internationales », a déclaré jeudi soir le ministère argentin de la Défense, annonçant dans un communiqué l’envoi de deux vice-ministres à Accra.
« Cette décision viole les normes internationales qui consacrent l’immunité dont bénéficie la frégate en sa qualité de navire de guerre de la République argentine », affirme le ministère de la Défense.
La justice ghanéenne a refusé jeudi en appel de libérer la frégate Libertad, retenue depuis le 2 octobre à Tema, principal port ghanéen (25 km à l’est d’Accra), suite à un recours intenté devant la justice ghanéenne par le fonds spéculatif NML, détenteur de titres de dette argentins.
« Cette mesure, qui met en jeu la responsabilité internationale du Ghana, ajoute à l’affaire judiciaire une dimension politique qui porte atteinte aux relations bilatérales », poursuit le ministère.
Les ministères de la Défense et des Affaires étrangères « ont décidé d’envoyer immédiatement vers la capitale de ce pays les vice-ministres de Défense et des Affaires étrangères, Alfredo Forti et Eduardo Zuain, afin d’entreprendre des démarches auprès des plus hautes autorités du Ghana », précise le communiqué.
L’Argentine avait réaffirmé auparavant qu’elle « ne cèderait pas » face au fond spéculatif NML porteur de titres de sa dette qui a obtenu de la justice ghanéenne qu’elle retienne son vaisseau école « Libertad » au port de Tema.
« Nous sommes parvenus à un accord avec 93% de nos créanciers sans jamais céder aux fonds vautours et nous ne le ferons pas maintenant car, pour le gouvernement de (la présidente) Cristina Kirchner, il ne s’agit pas d’une question de comptabilité, mais de souveraineté », a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
Les avocats de l’Argentine ont fait valoir l’immunité dont jouit, selon eux, le navire militaire. Mais, selon la cour, l’Argentine avait déjà levé cette immunité en contractant sa dette auprès du fonds NML.
Dans le passé, la présidence argentine a dû à deux reprises, en 2007 et 2010, renoncer à utiliser l’avion présidentiel, le Tango 01, pour éviter qu’il ne soit saisi à son arrivée aux Etats-Unis et en Allemagne.
Les fonds spéculatifs avaient aussi réussi à geler brièvement les fonds du Banco Nacion argentin à New York et de l’ambassade argentine à Paris, mais à chaque fois l’Argentine était parvenue à les débloquer en faisant valoir qu’ils étaient protégés par l’immunité diplomatique.
Le majestueux voilier de trois-mâts, qui sert de navire-école à la marine argentine, patiente entretemps à quai, plusieurs dizaines de marins faisant les cent pas sur le pont, a pu observer jeudi un journaliste de l’AFP.
Ils sont autorisés à sortir du navire et à circuler librement, selon le directeur général du port.
AFP