jeudi, mars 28, 2024
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Nigeria: le massacre de Mubi toujours sans explication

Nigeria: le massacre de Mubi toujours sans explication

L’établissement universitaire où une quarantaine de personnes ont été massacrées à Mubi, dans le nord-est du Nigeria, écarte l’explication de rivalités estudiantines, alors que les forces de sécurité, qui n’ont pas encore présenté leur version des faits, multiplient les arrestations.

Le bilan du drame est d' »au moins 40 personnes » et 15 blessés, selon des habitants de Mubi et un responsable de l’université, mais celui de la police est toujours de 25 morts, dont 22 étudiants.  

Un responsable de l’école polytechnique fédérale de Mubi a réfuté jeudi qu’il puisse y avoir un lien entre la tuerie et une élection étudiante qui s’était tenue samedi sur le campus, et qui se serait accompagnée de tensions. La police avait évoqué mardi ces tensions comme l’une de ses hypothèses d’enquête, l’autre hypothèse étant une attaque du groupe islamiste Boko Haram, très actif dans la région.  

« Je n’ai aucune preuve d’un lien entre l’élection » et le massacre, « c’est une idée fausse », a affirmé le secrétaire général adjoint de l’école, Shuaib Aroke, précisant qu’il était responsable de la sécurité du campus.

« L’élection s’est déroulée dans une ambiance très calme (…) tous les candidats ont signé la feuille de résultats », a-t-il expliqué. « Nous sommes unis ici à l’école polytechnique ».

L’école polytechnique de Mubi est mixte ethniquement, avait indiqué un porte-parole de la police, évoquant de possibles tensions entre Haoussas musulmans et Igbos chrétiens. Le Nigeria connaît périodiquement des rivalités ethniques qui dégénèrent en violences meurtrières. Mais selon des résidents du foyer, les victimes du massacre sont aussi bien chrétiennes que musulmanes. 

« Il y a avait trois candidats » à l’élection étudiante samedi, a expliqué Shuaib Aroke. « C’est un Haoussa qui a été élu président avec 1.500 voix. Le second était un Igbo avec 1.000 voix et le troisième un étudiant d’Edo (un Etat du sud-ouest du Nigeria) avec 300 voix. « L’élection s’est déroulée dans une ambiance très calme (…) tous les candidats ont signé la feuille de résultats », a-til assuré. 

D’après la police, les assaillants connaissaient leurs victimes, qu’ils ont appelées par leurs noms dans chacune des maisons du campus où ils sont entrés, avant de les égorger ou de les abattre.

« Ils ont tué mon voisin Sylvanus », a raconté un résident âgé de 27 ans. « Je les ai entendus, ils criaient son nom –Sylvanus! Sylvanus!– Puis il a répondu, il est sorti et ils l’ont abattu », a-t-il ajouté.

Les forces de sécurité n’ont pour l’instant donné aucune explication du drame, mais continuent d’enquêter dans la ville, centre universitaire et carrefour commercial située dans l’Etat d’Adamawa, près de la frontière du Cameroun. 

La police a annoncé « de nombreuses arrestations », sans donner plus de détails. Selon un responsable de l’école polytechnique qui a requis l’anonymat, la plupart des personnes arrêtées sont des étudiants. 

Alors que l’armée, la police et les services secrets avaient joint leurs forces pour ratisser la ville maison par maison mercredi, le déploiement des forces de sécurité était moins important jeudi, mais des postes de contrôle ont été établis sur la route menant de Mubi à Yola, la capitale de l’Etat.

Le président nigérian Goodluck Jonathan a ordonné mercredi aux agences de sécurité « d’enquêter à fond sur l’affaire ».

La région a été récemment la cible de violences attribuées aux islamistes extrémistes de Boko Haram, tenus responsables de 1.400 morts au Nigeria depuis 2010. Ce groupe est soupçonné de liens avec Al-Qaïda.

La semaine dernière, l’armée nigériane avait annoncé avoir tué un des commandants de Boko Haram et avoir arrêté plus de 150 membres du groupe lors d’un raid mené précisément dans la ville de Mubi.

Mubi est proche de l’Etat de Borno, dont la capitale Maiduguri est considérée comme le berceau de Boko Haram.

Les attentats commis par ce groupe radical ont accentué la division du pays le plus peuplé d’Afrique, avec plus de 160 millions d’habitants, entre le nord musulman, où le groupe radical veut établir un Etat islamique, et le sud chrétien.

Le président nigérian a annoncé jeudi qu’il changeait le chef d’état-major des armées, mais on ignore si cette décision
est liée au massacre de Mubi ou à la lutte contre Boko Haram. 

AFP 

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