Les présidents soudanais Omar el-Béchir et sud-soudanais Salva Kiir ont poursuivi lundi à Addis Abeba leurs discussions directes entamées la veille sur les différends qui les ont menés au bord de la guerre au printemps.
L’entretien entre les deux chefs de l’Etat a été suspendu dans la matinée et devait reprendre dans l’après-midi, selon le négociateur en chef du Soudan du Sud, Deng Alor.
« Les présidents se sont rencontrés, actuellement ils s’entretiennent de différents sujets » avec leurs délégations, notamment des zones frontalières contestées, a-t-il expliqué après la suspension de la séance. Celle-ci s’est déroulée en présence du Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn et du médiateur de l’Union africaine (UA), l’ex-président sud-africain Thabo Mbeki.
Peu d’informations ont filtré sur l’avancée des discussions à huis clos visant à régler définitivement les questions laissées en suspens par l’accord de paix de 2005, qui a mis fin à des décennies de guerres civiles entre rebelles du sud et gouvernement de Khartoum et a débouché sur l’indépendance du Soudan du Sud, en juillet 2011.
Les deux présidents ont été vus dimanche dans la nuit devisant en souriant à l’issue de deux premières heures de pourparlers dans la capitale éthiopienne.
« Nous restons optimistes sur la possibilité qu’une sorte d’accord soit conclu », a simplement déclaré un diplomate occidental, sans plus de détails.
L’annonce de ce sommet – rare – entre les présidents des deux Soudans avait fait renaître l’espoir d’un accord global, alors que le cycle de pourparlers entre négociateurs soudanais et sud-soudanais, qui avait repris le 4 septembre à Addis Abeba, semblait largement infructueux.
MM. el-Béchir et Kiir s’étaient déjà rencontrés en tête-à-tête le 14 juillet, en marge d’un sommet de l’Union africaine, leur premier entretien depuis les intenses combats frontaliers ayant opposé leurs armées respectives entre mars et mai.
A l’issue de la rencontre, Pagam Amum, négociateur sud-soudanais, avait assuré que les deux chefs d’Etat avaient trouvé des « accords de principe » sur tous les sujets de tension en suspens entre les deux pays.
Un sommet avait été initialement prévu début avril pour résoudre ces questions mais avait été annulé après l’éclatement des combats frontaliers.
La communauté internationale, très inquiète que les différends entre Juba et Khartoum ne dégénèrent en un nouveau conflit à grande échelle, a accentué sa pression sur les deux chefs d’Etat, pour qu’ils parviennent à un accord définitif.
Un ultimatum de l’UA, repoussé après que la première date-butoir du 2 août eut été dépassée, a expiré samedi. L’ONU a menacé les deux pays de sanctions s’ils ne parvenaient pas à s’entendre.
Début août, Khartoum et Juba ont conclu un accord sur le pétrole, concernant notamment les redevances de passage du brut sud-soudanais par les oléoducs du nord, un des sujets les plus épineux entre les deux voisins.
Le Soudan du Sud a hérité de 75% des réserves de brut du Soudan d’avant la sécession, mais dépend pour l’exporter des infrastructures du Nord.
Des détails de l’accord pétrolier restent néanmoins à finaliser. Et les deux parties doivent également s’accorder sur le statut de la zone contestée d’Abyei, sur le tracé de leur frontière et sur la mise en place d’une zone démilitarisée.
Cette zone-tampon vise à éviter toute reprise des affrontements frontaliers mais aussi à couper les lignes d’approvisionnement des mouvements rebelles actifs dans les régions soudanaises du Kordofan-Sud et du Nil-Bleu, que Khartoum accuse Juba de soutenir.
Juba comme Khartoum ont réitéré depuis plusieurs mois leur volonté de paix, mais plusieurs accords signés dans le passé, notamment sur la zone démilitarisée, n’ont jamais été appliqués et divers pactes de non-agression ont été rompus.
Les deux pays ont néanmoins un besoin urgent d’un accor
d, le conflit ayant conduit leurs économies respectives au bord de l’effondrement, surtout depuis que Juba a stoppé sa production pétrolière en janvier, furieux que Khartoum ait prélevé un partie de son pétrole pour se payer, faute d’accord sur les redevances de transit.
AFP