Au moins douze personnes ont été tuées vendredi dans un nouveau raid à caractère tribal dans le district rural de Tana River, dans le sud-est du Kenya, théâtre mi-août du pire massacre ethnique depuis les violences post-électorales de fin 2007-début 2008.
Le district de Tana River est de façon récurrente en proie à des affrontements entre communautés rivales Orma et Pokomo, mais l’attaque d’août, où 52 personnes avaient été tuées à coups de machettes ou brûlées vives, avait crée un choc au Kenya.
Une source policière interrogée par l’AFP a qualifié le raid de vendredi de « représailles », sans préciser qui avait attaqué qui.
« Huit hommes, deux femmes et un enfant sont morts dans les attaques, » a précisé la porte-parole de la Croix Rouge kényane Nelly Muluka, ajoutant qu’une douzième personne était ensuite décédée « de ses blessures par balles à l’hôpital ». « Toutes les victimes semblent avoir été tuées par balles ».
« L’attaque s’est produite vers 03H00 (00H00 GMT) vendredi matin (…) Il y a beaucoup de tension dans la zone », a poursuivi la porte-parole. Selon la Croix-Rouge, les assaillants ont emporté 300 bovins et 400 chèvres.
Ni les autorités kényanes, ni la Croix-Rouge n’ont indiqué à quelle communauté appartenaient les assaillants.
Dans la nuit du 21 au 22 août, 52 Orma – une communauté composée essentiellement d’éleveurs nomades – avaient été massacrés dans la même zone de Tarassa par des Pokomo – majoritairement des agriculteurs sédentaires.
Selon un député local, ce raid était déjà un acte de représailles après une série de violences qui avaient commencé dix jours plus tôt. Une personne a ensuite été tuée le 1er septembre, lors d’une attaque similaire, a précisé vendredi Mme Muluka.
Les deux communautés, installées le long de la rivière Tana se sont déjà violemment affrontées dans le passé sur des questions d’accès à la terre et aux points d’eau. En 2001, des affrontements avaient fait plus de 130 morts.
Les forces de sécurité « négligent » la région
Dix suspects, dont cinq chefs locaux, ont été arrêtés après les violences de la mi-août et inculpés. Tous nient leur implication. La police kényane avait également organisé une réunion de conciliation entre les deux communautés.
Le massacre du mois d’août était la tuerie la plus meurtrière au Kenya depuis les violences post-électorales de fin 2007 et début 2008, qui avaient dégénéré en affrontements ethniques. Si son ampleur avait choqué au Kenya, il cachait des heurts réguliers à plus petite échelle à travers le pays, souvent passés sous silence.
Plus de 200 personnes ont été tuées au Kenya depuis le début de l’année dans des affrontements à caractère ethnique, dont le schéma rappelle de précédents épisodes de violences politiques, avait souligné fin août le secrétaire général de la Croix-Rouge kényane.
Le Kenya doit élire en mars 2013 son nouveau président de la République, qui succèdera à Mwai Kibaki. C’est la réélection contestée de ce dernier, fin 2007, qui avait alors déclenché des semaines de violences où plus de 1.000 personnes étaient mortes.
Le député de la circonscription où se sont déroulées les récentes attaques, Dahdho Godhana, avait été interrogé jeudi par la police, après avoir été accusé d’avoir alimenté les tensions entre les communautés. Il a affirmé n’avoir « rien à voir dans les violences ».
Un autre député de la zone, Danson Mungatana, a mis en cause vendredi la passivité des forces de l’ordre. « En tant que dirigeants nous sommes fatigués d’être appelés pour éteindre les braises (…) les agences de sécurité sont responsables de cette violence (…) elles ont des informations sur des attaques en préparation et ne font rien », a-t-il déclaré à l’AFP.
Les autorités « négligent Tana River. Si les tueries avaient eu lieu à Nairobi, la réponse du gouvernement aurait été différente. Vous avez vu comment ils ont répondu à la situation à Mombasa », a-t-il ajouté.
La police avait été déployée massivement fin août dans cette ville côtière majoritairement musulmane, pour mettre fin à deux jours d’émeutes meurtrières déclenchées par l’assassinat d’un prédicateur radical musulman.
AFP 
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