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Namibie: la justice reconnaît que des femmes séropositives ont été stérilisées à leur insu

Namibie: la justice reconnaît que des femmes séropositives ont été stérilisées à leur insu

La justice namibienne a admis lundi que trois femmes séropositives avaient été stérilisées à leur insu, sans toutefois reconnaître qu’elles l’avaient été parce qu’elles étaient porteuses du VIH.

« La première plainte des trois plaignantes, qu’elles ont été stérilisées sans leur consentement, a été acceptée », a déclaré le juge Elton Hoff.

Mais la plainte qu' »elles ont été stérilisées parce qu’elles étaient séropositives est rejetée », a-t-il ajouté.

« Il incombe aux demandeurs de prouver cela », a ajouté M. Hoff dans une salle remplie d’hommes et de femmes portant des tee-shirts avec le slogan « Non-négociable – Mon corps, mon ventre, mes droits ».

Les trois plaignantes font partie d’un groupe de seize femmes stérilisées dans des hôpitaux publics entre 2005 et 2009, qui poursuivent l’Etat pour « traitement cruel, inhumain et dégradant » et réclament chacune 1,2 million de dollars namibiens (120.000 euros) de dommages et intérêts.

Elles assurent avoir été stérilisées à leur insu pendant un accouchement. Le gouvernement soutient qu’elles ont signé les formulaires autorisant les ablations de l’utérus.

« J’étais en plein accouchement dans un hôpital public quand une infirmière m’a montré un papier et m’a dit que je devais signer pour autoriser une césarienne », avait raconté l’une des plaignantes lors du procès en 2010.

« Je ne savais pas que c’était aussi pour me stériliser », avait-elle ajouté, expliquant qu’elle n’avait découvert la vérité qu’en entendant des infirmières discuter de son cas dans les couloirs de l’hôpital.

Des associations de défenseurs des droits de l’Homme ont salué le jugement, estimant toutefois qu’il ne s’agissait que de « la partie émergée de l’iceberg », puisqu’elles disposent d’une liste d’une cinquantaine de femmes qui assurent avoir été stérilisées sans le savoir en raison de leur séropositivité.

« Cette décision est une première étape, le but étant de s’assurer qu’il n’y aura pas d’autres femmes stérilisées de force dans les hôpitaux publics en Namibie », a estimé Priti Patel, directrice-adjointe du Centre des règlements des litiges d’Afrique australe (SALC).

« Il est regrettable que le juge n’ait pas trouvé que les stérilisations ont été réalisées spécifiquement parce qu’elles étaient séropositives », a cependant regretté Nyasha Chingore, du programme VIH du SALC.

Pour elle, « la stérilisation s’est ajoutée à la discrimination » frappant les porteurs du VIH, qui représentent environ 13% des Namibiens âgés de 15 à 49 ans.

« Nous sommes satisfaits de l’issue de la procédure judiciaire, parce que nous avons prouvé que des femmes en Namibie ont été stérilisées sans leur consentement », a commenté à l’AFP Amon Ngavetene, l’un des avocats des trois femmes, à l’AFP.

Les dédommagements seront décidés ultérieurement. 

AFP

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