Une pénurie de fonds menace le financement des services essentiels dans le complexe de camps de réfugiés de Dadaab, au Kenya, le plus vaste au monde, mettant en danger des dizaines de milliers de vies, ont averti jeudi des organisations humanitaires.
« Des dizaines de milliers de vies sont menacées, parce que l’argent pour les services essentiels devrait être épuisé d’ici deux ou trois mois », explique dans un communiqué un groupe de huit ONG, parmi lesquelles CARE, Save the Children, Oxfam, l’International Rescue Comittee (IRC) ou Terre des Hommes.
Une « pénurie grave de financement », évaluée à 25 millions de dollars, va avoir des conséquences pour au moins 200.000 réfugiés, essentiellement somaliens, ayant fui la violence et la faim dans leur pays, poursuivent ces ONG.
« La baisse du financement de l’aide menace la santé, la sécurité et les moyens d’existence » des réfugiés, soulignent les huit organisations, rappelant que le complexe géant a encore grossi d’un tiers l’an dernier, avec l’arrivée au Kenya de 160.000 Somaliens, fuyant la violence, la sécheresse et la famine.
Or, le sud de la Somalie risque dans les mois à venir de faire à nouveau face à une crise alimentaire, en raison de pluies insuffisantes et de la poursuite du conflit, selon les ONG.
Dadaab a été mis en place il y a 20 ans et pourtant les besoins « n’ont jamais été aussi grands », estiment les ONG, et réduire l’aide pourrait également aggraver la situation dans la région.
« La situation actuelle à Dadaab est intenable: il y a plus de 465.000 réfugiés, une situation sécuritaire explosive et des restrictions de mouvements pour les travailleurs humanitaires », déplorent-elles dans ce texte.
Environ 30.000 personnes ont besoin d’abris, mais les ONG disent ne pouvoir en financer que 4.000 et la fourniture en eau potable est déjà largement insuffisante. Sans argent, les services de santé, déjà insuffisants et sous-équipés, risquent de dépérir, poursuivent-elles.
Il y a un risque accru de viols pour les femmes et les enfants, contraints de parcourir de longues distances pour aller chercher du bois ou utiliser les latrines: les violences sexuelles ont augmenté de 36% ces derniers mois, continuent les signataires du texte.
Fin juin, quatre employés du Norwegian Rescue Council (NRC) avaient été enlevés à Dadaab, avant d’être libérés par la force. Deux employées espagnoles de Médecins sans frontières (MSF) enlevées fin 2011 à Dadaab ont été emmenées en Somalie, où elles sont toujours détenues.
Dadaab, situé à proximité de la frontière somalienne, a également été le théâtre d’attentats à la grenade et à la bombe et les ONG s’y déplacent sous escorte.
« Si les enfants ne vont pas à l’école et si les gens n’ont ni abri correct ni autres services, cela peut potentiellement alimenter plus encore la militarisation, la violence et l’instabilité » dans la zone, explique Stephen Vaughan, chef de CARE Kenya, dans ce communiqué.
AFP