François Hollande et Angela Merkel ont souhaité dimanche à Reims un renforcement de « la relation incontournable » entre la France et l’Allemagne, lors d’une journée de commémoration assombrie par la profanation dans les Ardennes de tombes de soldats allemands de la Première Guerre mondiale.
Cinquante ans après la rencontre De Gaulle-Adenauer le 8 juillet 1962 dans la même ville, un temps fort de la réconciliation entre deux pays qui s’étaient combattus dans trois guerres, les deux dirigeants se sont retrouvés sur le parvis de la cathédrale de Reims, appelant tous deux au renforcement des liens d’amitié entre les deux pays.
« Aucune force obscure, et encore moins la bêtise qui lui prête souvent son concours, ne pourra altérer le mouvement profond de l’amitié franco-allemande », a déclaré M. Hollande en allusion à la profanation découverte la veille dans un cimetière militaire des Ardennes, à une quarantaine de km de Reims.
« Notre amitié inspire l’Europe. Nous ne voulons pas donner la leçon. Nous entendons tout simplement montrer l’exemple », a aussi dit le chef de l’Etat.
« L’Europe c’est bien plus qu’une monnaie, et la relation franco allemande est incontournable à cet égard, elle a marqué très fortement l’unification européenne qu’elle a fait progresser » mais « ce n’est pas une relation exclusive, elle invite chacun à s’y associer », a répondu en écho la chancelière allemande.
Avant de conclure en lançant en français le « Vive l’amitié franco-allemande » qu’avait prononcé le général de Gaulle lors d’une visite d’Etat en Allemagne en 1962.
Tout au long de cette rencontre hautement symbolique, M. Hollande et Mme Merkel ont affiché une entente chaleureuse mais sans effusion, dix jours après les turbulences du sommet européen de Bruxelles des 28 et 29 juin.
Peu après 11H00, le président français a accueilli Mme Merkel à une centaine de mètres de la cathédrale vers laquelle ils se sont dirigés ensemble sous les applaudissements de quelques centaines de personnes et une pluie intermittente.
Hymnes nationaux français et allemand joués par la Garde républicaine, revue de la brigade franco-allemande, côte-à-côte les deux dirigeants ont ensuite dévoilé la plaque commémorative du 8 juillet 1962 en allemand scellée dans les pavés du parvis, à côté de celle en français posée il y a cinquante ans.
Inscrite en lettres d’or, cette fameuse phrase signée du général de Gaulle à l’adresse de l’archevêque de l’époque Monseigneur Marty : « Excellence, le chancelier (Konrad Adenauer, ndlr) et moi-même venons dans votre cathédrale sceller la réconciliation de la France et de l’Allemagne. Dimanche 8 juillet 1962, 11h02 ».
Dans la cathédrale, entièrement restaurée après avoir très gravement touchée par les bombardements du premier conflit mondial, Monseigneur Thierry Jordan a rappelé devant M. Hollande et Mme Merkel que « lorsque le général de Gaulle et le chancelier Adenauer accomplirent l’acte dont nous commémorons l’anniversaire, ils apportaient avec eux un passé que nul ne voulait plus revoir ». « En 1962, ces deux visionnaires n’avaient pas toute l’opinion de leur côté, loin de là. Les plaies étaient trop vives », a-t-il souligné.
« Qui aurait pu songer à cette époque que (…) chanceliers et présidents de la République seraient capables ensemble d’aller aussi loin, d’aller aussi vite? », a dit ensuite M. Hollande au côté de Mme Merkel, en énumérant les grandes étapes de la construction européenne jusqu’à la création de l’euro.
Il lui a proposé « de franchir ensemble, une nouvelle porte sur des années qui rendront encore plus étroite l’amitié entre nos deux nations ».
Avant le déjeuner à la mairie, les deux dirigeants ont eu un tête-à-tête et Mme Merkel, dont l’agenda était pourtant chargé, a reculé son départ de trois quarts d’heure, a souligné l’entourage de M. Hollande.
Cette journée initie une série de manifestations organisées pour les 50 ans de la signature du traité de l’Elysée, le 22 janvier 1
963, entre De Gaulle et Adenauer. Point d’orgue des célébrations le 22 janvier 2013 à Berlin, où François Hollande a garanti dimanche qu’il serait présent.
AFP