Le patron des renseignements généraux allemands, mis en cause dans l’enquête sur des crimes racistes attribués à des néonazis, a démissionné lundi, a-t-on appris auprès du ministère de l’Intérieur.
Ce trio d’extrémistes formé de deux hommes aujourd’hui décédés et d’une femme actuellement en détention, s’était baptisé « Clandestinité national-socialiste » (NSU) et est soupçonné d’avoir tué neuf étrangers, dont huit Turcs, entre 2000 et 2006, ainsi qu’une policière en 2007.
Depuis la découverte de la NSU en novembre, les services de protection de la Constitution (Verfassungsschutz ou VS), les Renseignements intérieurs allemands, sont sur la sellette, et leur patron, Heinz Fromm, en a tiré les conséquences.
Le ministre de l’Intérieur, Hans-Peter Friedrich, a accepté sa démission. « Le président de l’Office fédéral pour la protection de la Constitution, Heinz Fromm, m’a informé dimanche soir qu’il demandait son départ en retraite anticipé au 31 juillet de cette année. J’ai accepté cette requête », a expliqué M. Friedrich dans un communiqué.
Les révélations sur la NSU avaient provoqué un vif émoi en Allemagne notamment car pendant des années, les enquêteurs et les Renseignements n’ont pas suffisamment pris au sérieux la thèse des crimes racistes.
Lors d’une cérémonie solennelle à Berlin, la chancelière Angela Merkel a publiquement demandé pardon aux familles des victimes parfois accusées à tort dans ces meurtres.
La semaine passée, la polémique sur la conduite de l’enquête a rebondi avec des nouvelles révélations dans la presse indiquant que des informations importantes concernant la NSU avaient été détruites par les RG allemands.
La presse a affirmé que peu après la découverte de la cellule néonazie, un des chefs d’unité des RG a détruit des dossiers démontrant que ce service d’enquête avait établi des contacts avec les milieux néonazis de Thuringe (est), dont certains membres avaient des liens personnels avec le trio de la NSU.
« Monsieur Fromm a dû faire face, particulièrement la semaine dernière, à des critiques importantes visant l’Office. Comme il l’a lui-même exprimé, le président de l’Office a été surpris et ébranlé par les erreurs de procédure commises par des collaborateurs de son administration », a commenté le ministre de l’Intérieur.
« Il est comme moi profondément préoccupé par la perte de confiance occasionnée par ces erreurs. J’ai ordonné que tout soit mis en oeuvre pour faire la lumière sur la NSU au sein de l’Office afin de restaurer la confiance dans cette institution sécuritaire majeure », a ajouté M. Friedrich.
Ces dernières semaines, le parquet fédéral a tour à tour remis en liberté quatre suspects interpellés dans le cadre de l’enquête sur la cellule NSU, estimant dans la majeure partie des cas, que les charges retenues contre eux n’étaient pas suffisamment établies.
AFP