L’Unesco a placé jeudi Tombouctou, aux mains des islamistes depuis la fin mars, sur la liste du patrimoine mondial en péril, alertant la communauté internationale sur les dangers qui pèsent sur cette ville mythique du nord du Mali.
Le Comité du patrimoine mondial, réuni à Saint-Pétersbourg, « a accepté la demande formulée par le gouvernement du Mali d’inscrire Tombouctou, ainsi que le Tombeau des Askia (situé à Gao, autre ville du nord malien tenue par des islamistes) sur la Liste du patrimoine mondial en péril », a indiqué l’Unesco dans un communiqué.
Il s’agit de lancer une alerte sur ces « sites menacés par le conflit armé qui affecte la région », a ajouté le Comité du patrimoine mondial de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, réuni à Saint-Pétersbourg (nord-ouest de la Russie) jusqu’au 6 juillet.
L’organisation demande à l’Union africaine et à la communauté internationale de faire « tout leur possible pour aider à protéger Tombouctou et le Tombeau des Askia ».
Le comité demande aux voisins du Mali de « mettre tout en oeuvre pour prévenir le trafic d’objets culturels en provenance de ces sites », notamment des manuscrits anciens, susceptibles d’être « pillés », selon le communiqué.
Depuis fin mars/début avril, les villes et régions administratives du nord du Mali –Tombouctou, Kidal et Gao– sont tombées aux mains de groupes armés islamistes, un bouleversement précipité par un coup d’Etat qui, le 22 mars, a renversé le président Amadou Toumani Touré.
Les autorités de transition mises en place à Bamako après le retrait des putschistes du pouvoir le 6 avril paraissent impuissantes à rétablir leur autorité sur le nord du pays.
Les islamistes, qui veulent imposer le charia (loi islamique) dans tout le Mali, et affrontent la rébellion touareg (laïque), ont déjà détruit plusieurs monuments et profané un mausolée à Tombouctou, suscitant les protestations de l’Unesco.
Située à la lisière du Sahara à un millier de km au nord de Bamako, Tombouctou, ville de 30.000 habitants surnommée « la cité des 333 saints » ou « la perle du désert », est inscrite au patrimoine mondial par l’Unesco depuis 1988.
Fondée entre le XIe et le XIIe siècle, selon les documents, par des tribus touareg, la ville a été un grand centre intellectuel de l’islam et une ancienne cité marchande prospère des caravanes.
Ses trois grandes mosquées, mais surtout des dizaines de milliers de manuscrits -dont certains datent de l’ère pré-islamique- témoignent de cette splendeur passée et de son âge d’or au XVIe siècle.
Le Tombeau des Askia, un site édifié en 1495 dans la région de Gao, qui comprend notamment un tombeau pyramidal et une mosquée, est inscrit au patrimoine mondial par l’Unesco depuis 2004.
La Liste du patrimoine mondial en péril comptait à ce jour 34 sites, dont les vestiges de la vallée de Bamiyan en Afghanistan où les talibans avaient détruit à l’explosif en 2001 des statues de Bouddha.
Y sont inscrits des sites figurant sur la liste du Patrimoine mondial, mais sur lesquels l’Unesco compte lancer une alerte.
Le port marchand de Liverpool (Grande Bretagne) y a été ajouté mardi en raison d’un vaste projet d’aménagement.
La ville de Saint-Pétersbourg, l’ex-capitale impériale russe, hôte du comité cette année, avait elle-même été menacée d’y être inscrite en 2010 en raison d’un projet de construction de gratte-ciel en plein centre historique, abandonné depuis.
Trente-trois nouveaux sites, dont la basilique de la Nativité de Bethléem, sont par ailleurs en lice cette année pour être distingués pour leur « valeur universelle exceptionnelle » et s’ajouter à la liste du Patrimoine mondial, déjà longue de 936 sites de 153 pays.
AFP