vendredi, avril 26, 2024
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La chirurgie esthétique opère discrètement au Nigeria

La chirurgie esthétique opère discrètement au Nigeria

Dans un centre médical de Lagos dont le nom est scrupuleusement gardé secret, une jeune femme de 27 ans se fait refaire la poitrine. « La confidentialité est le mot d’ordre », explique Modupe Ozolua, pionnière de la chirurgie esthétique au Nigeria.

En 2001, après avoir subi une telle intervention en Californie où elle vivait, cette princesse nigériane de 38 ans est rentrée dans son pays, une puissance pétrolière de 160 millions d’habitants, pour se lancer.

« Ca a été très dur car beaucoup de gens étaient dubitatifs, ils n’étaient pas bien informés ». Préjugés et croyances religieuses lui ont compliqué la tâche.

« Certains croient toujours qu’ils iront en enfer s’ils se font refaire le nez », ou qu’ils ne pourront plus avoir d’enfants, soupire la femme d’affaires, dont la société Body Enhancement s’est imposée petit à petit.

La pratique reste très marginale mais sur onze ans, la demande a progressé « de 30 à 40% » et bondi pour ce qui est des soins injectables, comme le Botox, explique Modupe Ozolua, qui affirme avoir organisé autour de mille interventions chirurgicales et non-chirurgicales.

La majorité de ses clients sont des femmes, mais un nombre surprenant d’hommes fait appel à ses soins, remarque-t-elle.

« Ils ont tendance à avoir quelques soucis au niveau du tour de taille, alors ils ont recours à des liposuccions. Mais beaucoup demandent des procédures concernant le visage, des soins injectables (…) J’ai deux clients qui se sont fait faire un lifting du visage ».

« Et les femmes ? On fait tout! », plaisante-t-elle. Les interventions les plus demandées concernent la poitrine (réduction et augmentation) et le ventre (plastie abdominale).

Tobrise Arhawarien, un responsable dans une société de télécommunications âgé de 34 ans, est incrédule quand il apprend que des hommes, même une poignée, ont recours à des procédures cosmétiques.

« Pas au Nigeria. Mes amis ne font pas ça, moi je ne fais pas ça », assure-t-il, dégoulinant de transpiration après une heure de gym intensive, la vraie solution, selon lui, pour préserver sa silhouette.

La chirurgie esthétique opère discrètement au Nigeria

« J’ai pas envie de me retrouver avec un truc coincé dans le visage, ou avoir l’air différent (…) Je veux rester comme je suis. Je suis pas mal, non? » lance-t-il en souriant.

Mais parmi les femmes participant à ce même cours d’ultra-motivés qui démarre à 05h30 du matin, ça n’est pas le même son de cloche.

Uche Kaja Gbadesin, 38 ans, se bagarre contre des kilos en trop après plusieurs grossesses. Elle fait du sport, surveille son alimentation, mais si cela ne suffit pas, elle n’hésitera pas à se faire faire une plastie abdominale, dit-elle.

« Tout le monde connaît le Botox, les liposuccions (…) il n’y a personne qui ne cherche pas à améliorer son physique ».

L’intérêt naissant pour la chirurgie esthétique semble effectivement s’inscrire dans un engouement plus général des Nigérians pour tout ce qui permet d’améliorer sa silhouette.

Les salles de gym sont pleines comme jamais auparavant et les gens s’intéressent de plus en plus à leur alimentation, note la diététicienne Funke Oshifuye.

La plupart se rendent à l’étranger

La tendance s’observe au sein de la classe moyenne plutôt aisée du Nigeria, vivant en milieu urbain, reflet de la mondialisation des moeurs.

« Tout le monde veut perdre du poids, avoir une belle allure, c’est comme ça partout dans le monde », remarque Kehinde Ayoku, rencontrée au même cours du gym.

Selon elle, les Nigérians sont influencés par des phénomènes de mode internationaux et prennent conscience de l’importance de prendre soin de leur santé.

Comme Uche, elle veut perdre du poids et n’exclut pas une opération, en dernier recours.

« Le
s femmes nigérianes font beaucoup ça de nos jours. Elles ne vous le diront peut-être pas mais… », sourit-elle.

Difficile d’évaluer le nombre de Nigérians se tournant vers la chirurgie esthétique, car la majorité se rend à l’étranger, souligne une source influente de l’industrie de la mode ayant requis l’anonymat.

La demande est en tout cas loin d’être suffisante pour que Modupe Ozolua ouvre une clinique au Nigeria. Deux fois par an, elle fait venir des Etats-Unis des chirurgiens qui réalisent en quelques jours les interventions commandées.

« 90% des gens qui ont recours à la chirurgie cosmétique ne le font pas au Nigeria (…). Personne ne veut subir une anesthésie générale ici », dit la source anonyme, en allusion à un système de santé loin d’être optimal.

AFP 

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