Des « divergences » subsistent entre la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et le groupe islamiste Ansar Dine après des discussions entre ces groupes du nord du Mali, empêchant pour l’heure la fusion annoncée, a affirmé mardi le MNLA. Dans un communiqué mis en ligne sur son site et signé de son secrétaire général Bilal Ag Achérif, le MNLA déclare que « l’accord de principe » conclu le 26 mai à Gao (nord-est) sur une fusion des deux mouvements est à l' »étude » dans chaque camp et qu' »une commission sera mise en place pour son suivi afin de traiter les divergences relatives aux points pendants ». Le communiqué ne précise pas la nature de ces désaccords mais les discussions qui se sont tenues ces derniers jours à Gao ont principalement achoppé sur l’application de la charia (loi islamique). Un membre d’Ansar Dine à Tombouctou (nord), Moussa Ag Chérif, a expliqué à l’AFP qu' »avec l’aide des sages, les deux délégations continuent à discuter à Gao pour parler des éléments comme la charia ». Annoncé le 26 mai, le projet de fusion au sein d’un « Conseil transitoire de l’Etat islamique de l’Azawad » avait surpris en raison de divergences majeures: Ansar Dine, allié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi, jihadiste), prône l’application de la charia dans tout le Mali alors que le MNLA se proclame laïc et défend la création d’un Etat seulement dans l’immense région nord du pays. A peine signé, ce protocole d’accord avait été bloqué par des dissensions sur la charia, avant d’être dénoncé vendredi dernier par une frange du MNLA essentiellement basée hors du pays, en particulier en Mauritanie et en France. Bilal Ag Achérif avait retrouvé le chef d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly, le week-end dernier pour de nouvelles discussions. Selon une source au MNLA, le résultat de ces discussions a été présenté lundi aux responsables de la rébellion. Dans le communiqué mis en ligne sur son site, le MNLA affirme en outre qu’il mettra sur pied un « Conseil provisoire » qui dirigera la région et qui « oeuvrera à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale ». Cependant, la rébellion touareg est depuis plusieurs semaines en perte de vitesse face aux islamistes d’Ansar Dine et d’Aqmi dans le Nord malien, qui a entièrement échappé au pouvoir central depuis fin mars. « Ansar Dine a déjà une direction qui dirige les affaires à Gao, Tombouctou et Kidal », les trois grandes villes du Nord, a d’ailleurs souligné Moussa Ag Chérif. « Nous, on gouverne déjà au nom de l’islam ». Selon un proche d’Ansar Dine, l’essentiel est que Bilal Ag Achérif n’ait pas déclaré le protocole d’accord caduc: « le plus important pour Iyad (Ag Ghaly) était que l’aile intérieure du MNLA à Gao ne dénonce pas le protocole d’entente, pour mieux isoler l’aile extérieure », farouchement opposée à une fusion. « Ce n’est pas encore la rupture entre nous », a déclaré Appaye Ag Mohamed, un porte-parole du MNLA dans la région. Dans le cadre de la future commission de suivi, « nous espérons qu’Ansar Dine dira officiellement qu’il prend ses distances vis-à-vis d’Aqmi. Dans quelques jours, on verra », a-t-il ajouté. Actif dans la bande sahélo-saharienne depuis plusieurs années, Aqmi y commet notamment des rapts, surtout d’Occidentaux. |
AFP |