vendredi, mars 29, 2024
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Un débat télévisé inédit marque la campagne présidentielle égyptienne

Un débat télévisé inédit marque la campagne présidentielle égyptienne
 La campagne présidentielle égyptienne est entrée dans le vif du sujet avec un âpre débat jeudi soir entre deux favoris, un exercice inédit dans le cadre d’un scrutin qui doit désigner le successeur de Hosni Moubarak, chassé du pouvoir l’an dernier. L’ancien chef de la Ligue arabe et ex-ministre des Affaires étrangères, Amr Moussa, et Abdel Moneim Aboul Foutouh, un islamiste modéré et ancien dirigeant des Frères musulmans se sont affrontés pendant près de quatre heures.
L’émission-marathon diffusée par deux grandes chaînes privées -ONTV et Dream- a été suivie avec passion par les téléspectateurs à domicile ou massés dans les innombrables cafés du pays.
« C’est une expérience totalement nouvelle pour nous. Regarder deux personnalités chercher à nous convaincre de voter pour elles, personne n’aurait pu l’imaginer il y a seulement deux ans », affirmait Saber Mohammed, qui a regardé le débat sur le téléviseur d’un café du quartier de Dokki, au Caire.
Amr Moussa et Abdel Moneim Aboul Foutouh font la course en tête dans les sondages -à la fiabilité toutefois encore précaire faute de tradition dans ce domaine en Egypte- pour cette élection dont le premier tour aura lieu les 23 et 24 mai. Un second tour est prévu les 16 et 17 juin.
Treize candidats au total sont en piste après plusieurs semaines chaotiques qui ont vu l’élimination de dix autres prétendants à la magistrature suprême en raison d’irrégularités diverses dans leurs dossiers de candidature.
Le débat a abordé les sujets classiques comme l’éducation, la santé, l’emploi.

Un débat télévisé inédit marque la campagne présidentielle égyptienne
Mais dans un pays qui sort de décennies de dictature et où l’islamisme est une valeur en hausse, c’est sur les allégeances politico-religieuses et les liens avec l’ancien régime qu’ils se sont le plus vivement affrontés.
« Vous avez travaillé pour le compte d’un groupe, les Frères musulmans, pas pour l’Egypte en tant que nation », a lancé Amr Moussa à Aboul Foutouh, qui a quitté sa formation il y a un an.
M. Aboul Foutouh est populaire parmi la jeunesse urbaine active sur internet qui a contribué à faire tomber Hosni Moubarak. Mais il a aussi l’appui de formations ultra-conservatrices salafistes qui pourraient lui apporter de gros bataillons d’électeurs, mais brouillent son image de candidat modéré.
M. Moussa n’a pas manqué de mettre en cause le candidat islamiste sur des écrits anciens semblant justifier la violence dans certaines circonstances. « Où est le candidat? Allez vous revenir à ce que vous avez écrit? », lui a-t-il lancé.
Amr Moussa a quant à lui été attaqué sur son talon d’Achille: à 75 ans, cet ancien ministre des Affaires étrangères de Hosni Moubarak de 1991 à 2001 apparaît difficilement comme un homme neuf.
« Quand on a fait partie du problème, on peut difficilement apporter la solution », a ironisé son rival.
Tous deux se sont toutefois retrouvés pour déclarer que le traité de paix conclu en 1979 avec Israël devait être révisé, mais pas annulé. M. Aboul Foutouh a toutefois qualifié l’Etat hébreu « d’ennemi », tandis que M. Moussa a évoqué ses « querelles » avec ce pays sur le sort des Palestiniens.
La candidat du puissant mouvement des Frères musulmans, première force politique du pays, Mohammed Morsi, a décliné l’invation de se joindre au débat, affirmant qu’il pourrait participer à une confrontation télévisée s’il était présent pour le second tour.
Egalement absent, le dernier Premier ministre de M. Moubarak, Ahmad Chafiq, compte sur le vote des nostalgiques de l’ancien régime et des mécontents de la dégradation du climat économique et sécuritaire.
L’armée égyptienne, aux commandes du pays depuis le départ de M. Moubarak, a promis de céder la place à un pouvoir civil dès que le nouveau président aura été élu, clôturant une période de transition mouvementée.
Les Egyptiens de l’étranger ont par ailleurs commencé de voter vendredi pour ce scrutin dans les ambassades et consulats d’Egypte. Ils ont jusqu’au 17 mai pour déposer leur bulletin.

AFP

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