
« Nous condamnons fermement le soulèvement militaire du 12 avril et exigeons le retour rapide à l’ordre constitutionnel », a déclaré l’ancien président Kumba Yala (2000-2003), arrivé deuxième au premier tour de scrutin derrière le Premier ministre Carlos Gomes Junior, arrêté par les putschistes.
« Nous sommes choqués par ce (soulèvement) », a affirmé M. Yala qui s’est également indigné des propos tenus par la présidence angolaise de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), qui avait menacé les chefs de l’ex-opposition de poursuites devant la Cour pénale internationale « si leur implication (dans le putsch) était prouvée ».

Son boycott avait été suivi par quatre autres candidats d’opposition éliminés, faisant craindre des troubles dans ce pays gangrené par le trafic de drogue et abonné aux violences politico-militaires.
Les putschistes ont conclu dimanche un accord avec une majorité des partis de l’ex-opposition, prévoyant la dissolution des institutions et la création d’un Conseil national de transition (CNT).
Selon Henrique Rosa, candidat défait au premier tour de la présidentielle, aucun des cinq candidats contestataires des résultats du scrutin ne participera au CNT, dont la composition pourrait être annoncée lundi.
Il n’a toutefois pas précisé quelle sera l’attitude de leurs partis, notamment du premier d’entre eux, le Parti de la Rénovation sociale (PRS) de Kumba Yala.

Forte de plusieurs ministres et chefs d’état-major de pays de la région, elle devrait « réitérer son rejet du coup d’Etat militaire du 12 avril » et « insister sur un rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel ».
Donné favori au second tour de la présidentielle prévu le 29 avril, le Premier ministre Carlos Gomes Junior reste détenu, de même que le président intérimaire Raimundo Pereira et d’autres responsables du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC, ex-pouvoir).
Malade, souffrant de diabète, M. Gomes Junior a reçu samedi la visite du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui lui a donné des médicaments.
Lundi, dans les rues de Bissau, la plupart des administrations et des banques étaient fermées, en réponse à un appel à la grève générale contre le coup d’Etat.
Selon des témoignages, beaucoup de Bissau-Guinéens redoutaient une nouvelle flambée de violences et, selon des sources concordantes, des familles ont commencé à quitter la capitale pour l’intérieur du pays.
Dimanche soir, la junte a annoncé la fermeture des frontières maritimes et aériennes après la décision du Portugal, ancien colonisateur, de dépêcher des moyens militaires navals et aériens pour préparer une évacuation de ses quelque 4.000 ressortissants.
La junte a averti que la violation de cette interdiction entraînerait « automatiquement une riposte militaire ».