samedi, avril 20, 2024
AccueilNon classéMali: l'ONU demande la fin des hostilités, la situation humanitaire se dégrade

Mali: l'ONU demande la fin des hostilités, la situation humanitaire se dégrade

Mali: l'ONU demande la fin des hostilités, la situation humanitaire se dégrade
Le Conseil de sécurité de l’ONU a demandé mercredi la fin des hostilités dans le Nord du Mali passé sous le contrôle de rebelles touareg et de groupes islamistes alors que sur le terrain la situation se détériorait avec des viols, pillages et saccages signalés.  Dans une déclaration proposée par la France, les 15 membres du Conseil de sécurité ont aussi réclamé le retour à un gouvernement légitime à Bamako où une junte militaire a renversé le président Amadou Toumani Touré il y a deux semaines.
Profitant du putsch de Bamako, les touareg et les islamistes ont pris en fin de semaine le contrôle des trois métropoles du nord du Mali, Kidal, Gao et Tombouctou, quasi sans rencontrer de résistance de la part d’une armée malienne sous-équipée et désorganisée.

Mali: l'ONU demande la fin des hostilités, la situation humanitaire se dégrade
Selon des diplomates, les membres du Conseil « s’inquiètent de la présence dans la région du groupe terroriste Al-Qaïda au Maghreb islamique » (Aqmi), ce qui pourrait selon eux « déstabiliser encore davantage la situation ».
Ils « condamnent fermement les attaques, les pillages et la confiscation de territoire auxquels se livrent des groupes rebelles dans le Nord du Mali et exigent une cessation immédiate des hostilités ».
Ils invitent les rebelles à « cesser immédiatement toute violence et à rechercher une solution pacifique par un dialogue politique ».
L’Union européenne a appelé mercredi à un « cessez-le-feu immédiat » dans le nord du Mali.

Mali: l'ONU demande la fin des hostilités, la situation humanitaire se dégrade
Par ailleurs, le Conseil « soutient les efforts de la Cédéao », la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest, qui a décrété un embargo contre les putschistes et les menace d’une intervention militaire.
A Bamako, les putschistes ont annoncé mercredi soir le report de la « convention nationale » qui devait s’y ouvrir jeudi, à leur initiative. Ils affirment avoir consulté différentes parties qui ont souhaité « une meilleure préparation matérielle » et précisent que « la nouvelle date (…) sera annoncée d’un commun accord avec l’ensemble des sensibilités concernées ».
Un front anti-junte, affirmant rassembler une cinquantaine de partis politiques et une « centaine » d’associations et organisations syndicales, avait quelques heures auparavant rejeté cette proposition.
Mais c’est surtout dans le Nord que les populations souffraient le plus.
« Les populations du Nord-Mali, singulièrement celles de Gao, subissent de graves violations des droits de l’homme » depuis « l’invasion des combattants MNLA (rébellion touareg), Ansar Dine (groupe islamiste) et Aqmi », a déclaré la junte dans un communiqué.
« Les femmes et les filles sont enlevées puis violées par les nouveaux occupants qui y dictent leur loi », ajoute-t-elle.
–90.000 personnes déplacées « sans assistance »–

Mali: l'ONU demande la fin des hostilités, la situation humanitaire se dégrade
« C’est une réalité, ici. La nuit, ils enlèvent des femmes, ils les emmènent, ils les violent », a affirmé à l’AFP un habitant de Gao, assurant avoir connaissance d’une « dizaine de cas au moins ».
Le Nord du Mali est devenu inaccessible à la presse et aux organisations internationales. De nombreux habitants interrogés depuis Bamako ont fait état de saccages et pillages à Gao et Tombouctou.
Quelque 90.000 personnes déplacées qui se trouvaient à Gao, Tombouctou et Kidal, sont aujourd’hui « sans assistance », selon Caritas internationalis.
« Les édifices publics, les bureaux privés, les banques, les sièges d’ONG, les banques alimentaires, tout a été saccagé » par les assaillants, affirme depuis Gao un employé d’organisation humanitaire.
« Il n’y a plus d’hôpital, plus de dispensaire, plus de centre de santé communautaire », poursuit-il. « Ils ont enlevé même les lits, même les portes de l’hôpital ».
Kidal, dont le chef d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly, est originaire, a été épargnée car ce sont essentiellement ses combattants qui ont capturé la ville.
A Tombouctou, les hommes d’Ansar Dine, appuyés par des éléments d’Aqmi, ont pris le dessus sur le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) et mis fin aux pillages, annonçant vouloir appliquer la loi islamique, selon des habitants.
Ansar Dine a renforcé sa position militaire dans la ville. « Pour la première fois, nous avons vu des véhicules blindés militaires à l’intérieur de Tombouctou. (…) Iyad (Ag Ghaly) et ses hommes renforcent leurs positions », a indiqué un témoin.
Le MNLA a de son côté proclamé mercredi soir « la fin » de ses « opérations militaires » dans le nord du Mali.
Le MNLA « décide unilatéralement de proclamer la fin des opérations militaires à compter de jeudi minuit », indique un communiqué mis en ligne mercredi soir sur le site internet du mouvement, et signé de son secrétaire général, Bilal Ag Acherif.
Cette décision a été prise « suite à la libération complète du territoire de l?Azawad et compte tenu de la forte demande de la communauté internationale, notamment du Conseil de sécurité de l’Onu, des Etats Unis, de la France ainsi que des Etats de la sous-région », explique le texte.
Toujours à Tombouctou, deux responsables d’Aqmi ont remis à une association locale de nombreux exemplaires du coran et des habits, selon un autre témoin.
A Gao, trois groupes distincts se partagent le contrôle de l’agglomération, selon un député local, Abdou Sidibé: les touareg du MNLA, les islamistes d’Ansar Dine et d’un groupe dissident d’Aqmi, et enfin des trafiquants et groupes criminels.
A Bamako, des centaines de jeunes Maliens originaires du nord du pays ont réclamé mercredi soir des armes, affirmant vouloir aller « se battre » et « libérer » le nord du Mali.
« On est prêt à mourir! », ont notamment scandé des jeunes membres du Collectif des ressortissants du Nord (Coren), lors d’une rencontre qui a rassemblé plus de 2.500 personnes, dont des ex-ministres et députés.
Le médiateur ouest-africain, le ministre burkinabé des Affaires étrangères Djibrill Bassolè, se trouvait mercredi à Bamako pour y rencontrer le chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo.
Soumise depuis lundi à un embargo diplomatique, économique et financier imposé par ses voisins, la junte s’est vu infliger mardi de nouvelles sanctions par l’Union africaine (UA) et les Etats-Unis.
Elle reste également sous la menace d’une i
ntervention militaire ouest-africaine, alors que les chefs d’état-major de la Cédéao doivent se retrouver jeudi à Abidjan pour activer une force régionale déjà en alerte.

RELATED ARTICLES

Most Popular

Recent Comments