
L’escalade des violences, qui ont fait 80 morts selon une ONG syrienne au premier jour de la mission à Damas de M. Annan, émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe, est un nouveau signe de la détermination du régime à mater la contestation.
Selon le président de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, « les transports de troupes sont entrés à Idleb alors que les bombardements et les combats » se poursuivaient entre soldats et rebelles qui tentaient de défendre leur cité.
Depuis des jours, l’armée était massée dans cette province montagneuse et frontalière de la Turquie, en vue d’attaquer la ville et de la faire plier, selon les militants, après avoir pris le 1er mars le quartier anti-régime de Baba Amr à Homs (centre) dévasté par un mois de pilonnage sanglant.

Au moins 21 déserteurs et 19 soldats ont en outre été tués dans des combats dans la province d’Idleb, a-t-il ajouté. Dix-sept autres déserteurs ont péri, selon l’OSDH, lors de combats dans la région de Damas, où un colonel de l’armée a été assassiné par un « groupe terroriste » selon l’agence officielle Sana.
Sept civils ont péri dans d’autres localités du pays, selon l’OSDH.
Recevant M. Annan, pour sa première visite à Damas depuis sa nomination en février, le président syrien a assuré que son pays était « prêt à faire réussir tout effort sincère pour trouver une solution » à la crise.
Mais il a averti que « tout dialogue ou processus politique ne peut réussir tant qu’il y a des groupes terroristes qui oeuvrent pour semer le chaos et la déstabilisation en s’attaquant aux civils et aux militaires », selon Sana.
M. Annan lui a pour sa part exprimé sa « profonde préoccupation concernant la situation en Syrie et a pressé le président Assad de prendre des mesures concrètes pour mettre fin à la crise », alors que les violences ont fait quelque 8.500 morts depuis un an, en majorité des civils d’après l’OSDH.

L’ONU n’a toutefois fourni aucun détail quant à ces propositions.
L’émissaire international a en outre rencontré des opposants à Damas qui ont exigé des « signes de bonne volonté » du régime, notamment l’engagement de mettre fin aux violences, avant d’entamer un dialogue et une transition politique.
La mission de M. Annan ne semble en rien facile en raison des positions très éloignées des protagonistes et des divisions au sein de la communauté internationale entre le bloc Moscou-Pékin soutenant le régime, et l’Occident et les Arabes dénonçant sa répression brutale.

L’opposition de son côté dit avoir pris les armes pour défendre les civils et rejette tout dialogue avec M. Assad dont elle exige le départ.
Signe de la persistance des divisions, les ministres arabes des Affaires étrangères et leur homologue russe Sergueï Lavrov, qui divergent sur les moyens de mettre fin au conflit, ont appelé à l’arrêt des violences d’où qu’elles viennent en Syrie au terme d’une réunion au Caire.
Ils ont également refusé toute intervention étrangère, appelant à la mise en place d' »un mécanisme de supervision impartial » et à autoriser l’arrivée de l’aide humanitaire sans entraves, selon un communiqué commun lu par le ministre qatari des Affaires étrangères, Hamad ben Jassem Al-Thani.
Ce dernier a néanmoins jugé insuffisant un cessez-le-feu. « Il y a un génocide systématique de la part du gouvernement syrien (…) Nous ne pouvons accepter seulement un cessez-le-feu », a-t-il dit, répétant être en faveur de l’envoi de forces arabes et internationales en Syrie.
Son homologue saoudien, Saoud al-Fayçal, a jugé que le veto russo-chinois en février à une résolution onusienne avait permis au régime de poursuivre la répression.
Néanmoins Moscou maintient son refus de tout ingérence, en rejetant un nouveau texte américain au Conseil de sécurité et en appelant à renvoyer dos à dos le régime et les rebelles, ce que refuse l’Occident.
M. Annan doit quitter Damas dimanche pour Doha. Un diplomate turc avait affirmé qu’il visiterait prochainement les camps de réfugiés syriens à la frontière syro-turque.
AFP