
Il a assuré que le trio envisageait « les mêmes remèdes » pour enrayer la propagation de la crise.
Pourtant, le débat n’a pas été tranché sur le point le plus épineux, au coeur d’un bras de fer entre Paris et Berlin: une intervention plus déterminée de la BCE pour acheter de la dette des pays en difficulté, à l’instar de ce que fait la Réserve fédérale américaine.
« Nous avons tous trois indiqué que dans le respect de l’indépendance de cette institution, il fallait s’abstenir de demandes positives ou négatives » à la BCE, a résumé Nicolas Sarkozy, faisant marche arrière sur ce point qui lui tenait pourtant à coeur. « Nous avons indiqué tous les trois notre confiance à la BCE et à ses dirigeants », a-t-il ajouté.
Il a reconnu qu’il s’agissait d’un « compromis », mais « un compromis positif ». « J’essaie de comprendre les lignes rouges de l’Allemagne et elle de comprendre les lignes rouges de la France », s’est justifié le président français.
Dans son entourage, on se réjouissait néanmoins de ce que la position exprimée à Strasbourg permette à la BCE d’intervenir de son plein gré sans que cela suscite des critiques de Berlin.

La France avait fait monter la pression pour réclamer une implication accrue de l’institut de Francfort.
« Ce qui ne va pas, c’est la confiance. C’est ça qu’il faut rétablir. Je pense – j’espère que la réflexion avancera – que la BCE devrait jouer un rôle essentiel pour rétablir cette confiance », plaidait encore jeudi matin le numéro deux du gouvernement français Alain Juppé.
Mais l’Allemagne s’y refuse catégoriquement par crainte que cela favorise l’inflation et le laxisme budgétaire.
En revanche, la dirigeante de la première économie européenne a obtenu l’aval de la France à une révision des traités européens, une solution qui suscitait les réserves de Nicolas Sarkozy il y encore peu de temps.
Paris et Berlin ont annoncé qu’ils feraient, avant le sommet européen du 9 décembre, des « propositions de modification des traités pour améliorer la gouvernance de la zone euro pour plus d’intégration et de convergence ». Ils ont souhaité que Rome s’y associe.
Angela Merkel est allée plus loin, affirmant que cette révision des textes devait permettre d’aboutir à une « union fiscale », une expression reprise par Mario Monti, mais jamais par Nicolas Sarkozy.
Côté français, la concession sur les traités est considérée comme une « monnaie d’échange » pour obtenir en contrepartie un changement de la position allemande sur la BCE. « Il faut que Merkel bouge, et vite, sur la BCE sinon on court à la catastrophe », continue-t-on d’affirmer de source française, précisant que Paris veut « mettre la pression maximale » sur Berlin.
Mais la chancelière a mis les points sur les « i »: « le président français vient de souligner que la BCE est indépendante et donc les modifications éventuelles de traité ne concernent pas la BCE ».
De la même manière, elle a fermé la porte à une proposition d’euro-obligations pour mutualiser les dettes européennes, remise sur la table par Bruxelles. « Les eurobonds feraient que les différences de taux (entre les pays européens) seraient nivelées et ce ne serait donc pas un bon signal » car cela masquerait les disparités entre économies, a tranché Angela Merkel.
Nicolas Sarkozy a fini par une mise en garde aux autres pays de l’Union européenne. « S’il y avait des refus » sur la réforme des traités « nous aurions une autre stratégie », éventuellement via des « accords intergouvernementaux », ce qui pourrait exclure les Etats récalcitrants, a-t-il prévenu.
Après les tensions de l’ère Berlusconi, le sommet de Strasbourg était aussi l’occasion pour le couple franco-allemand d’apporter son « soutien » à l’Italie de Mario Monti, confrontée à la défiance des marchés.
Le nouveau président du Conseil italien a invité à Rome ses deux partenaires et les a rassurés sur sa détermination à redresser les finances de son pays surendetté.
« L’objectif de l’équilibre budgétaire en 2013 n’est pas remis en cause », a dû concéder Mario Monti, alors qu’il avait laissé planer un doute ces derniers jours.
La bonne santé économique de l’Italie conditionne celle du reste de la zone euro, avec la France en première ligne. Deux des trois grandes agences de notation viennent de lancer un avertissement à Paris: si la crise s’aggrave, son fameux « triple A » qui lui permet d’emprunter à bas coût serait menacé. « Ca poserait un problème pour tout le monde, pas simplement pour la France », a estimé Nicolas Sarkozy.
AFP