samedi, avril 20, 2024
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Depuis le début de la guerre en Libye, le gaz moutarde sous surveillance

Depuis le début de la guerre en Libye, le gaz moutarde sous surveillance
Le gaz moutarde amassé par l’ex-« Guide » Mouammar Kadhafi, qui en avait dissimulé une partie à l’ONU, a été surveillé pendant toute la guerre en Libye par une cellule spéciale qui a oeuvré dans l’ombre. Le nouveau régime libyen a annoncé lundi l’existence de deux sites de stockage de gaz moutarde à l’emplacement tenu secret. L’un contient des armes « prêtes à l’usage militaire immédiat », précise l’expert libyen Youssef Safi ad-Din, en charge du problème.
Le gaz moutarde provoque de graves brûlures chimiques aux yeux, sur la peau et aux poumons.
Soigneusement cachés par Mouammar Kadhafi à l’ONU, « ces deux sites sont sécurisés » et ne présentent aucun risque sanitaire, ajoute M. Safi ad-Din.

Depuis le début de la guerre en Libye, le gaz moutarde sous surveillance
Un troisième site situé près de Waddan (sud), dans l’oasis de Djoffra, était connu de l’ONU qui l’avait inspecté dès 2004. L’élimination de son stock de gaz avait commencé en 2010 sous contrôle international et continué jusqu’en février 2011, au début de l’insurrection.
Le gaz moutarde y restant (11,25 tonnes) est « neutralisé » par des additifs diminuant drastiquement sa toxicité, explique M. Safi ad-Din.
Ce dangereux produit a été au coeur des préoccupations depuis le début du conflit, tout au long duquel une cellule composée de techniciens locaux et de l’Otan a travaillé dans l’ombre depuis Benghazi (est), siège de la rébellion, sur les armes chimiques et les matériaux nucléaires dans le pays.
La cellule « était dirigée par le général Abdel Fatah Younès », chef d’état-major de la rébellion et ex-ministre de l’Intérieur du régime Kadhafi, assassiné le 28 juillet dans des circonstances mystérieuses, explique M. Safi ad-Din, qui en fait partie.
« La première étape a été de surveiller les armes chimiques que Kadhafi contrôlait, et de l’empêcher de les utiliser », se souvient l’expert.
Avec succès, confie Mansour Daou, chef de la sécurité intérieure du régime déchu emprisonné à Misrata (215 km à l’est de Tripoli): « Kadhafi a vite abandonné l’idée de se servir des armes chimiques, les Américains les surveillaient de trop près. Nous ne pouvions pas les approcher » sans être bombardés depuis les airs.
La cellule secrète de Benghazi a aussi veillé à récupérer les petites quantités de matériaux radioactifs utilisés dans l’industrie libyenne, notamment du cobalt 60 qui aurait pu servir à fabriquer une bombe « sale » disséminant des radionucléides.
« La seconde étape a été de prendre le contrôle de tous les sites chimiques. Nos forces les ont conquis un à un », se souvient M. Safi ad-Din.
Des masques à gaz ont aussi été distribués aux combattants, dont plus de 10.000 au mois de mai à Misrata (ouest), qui venait alors tout juste de chasser les forces de Kadhafi de ses murs, et où la rumeur de menace chimique revenait avec insistance.
Aujourd’hui, une équipe d’Américains et de Libyens, dont M. Safi ad-Din, est basée à Waddan pour s’occuper du problème. Les Américains, pistolet à la hanche, font la grimace lorsque des journalistes les approchent, refusant de s’exprimer. « C’est la CIA », assure un haut responsable militaire de Misrata qui les a rencontrés.
La surveillance du gaz moutarde, à Waddan comme sur les deux sites tenus secrets, est étroite, assurent l’expert et les combattants locaux.
« Il y a trois semaines, la voiture de deux combattants a été détruite par une frappe aérienne lorsqu’ils se sont approchés trop près des bunkers contenant le gaz » à Waddan, sans que personne ne soit blessé, rigole Ahmed Misrati, un combattant.
Des bombes assourdissantes avaient déjà visé d’autres combattants rôdant sur le site quelques jours plus tôt, renchérit M. Safi ad-Din, selon qui tout curieux s’expose à une frappe aérienne s’il s’approche à moins de 50 mètres des bunkers « chimiques ».
Néanmoins, des journalistes de l’AFP ont pu pénétrer mardi sur le site près de Waddan, dans la vallée de Rawaga, où se trouvent quelque 170 bunkers d’armes, sans rencontrer aucun garde. La zone a été pilonnée par l’Otan, le sol est ravagé, les bunkers éventrés. Mais le combattant les guidant n’a pas voulu avancer jusqu’aux bunkers contenant le gaz, qui « sont intacts », a-t-il dit.

AFP

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