Dans le grouillant centre-ville de Kaboul, Ahmed, neuf ans, ressemble à tous les autres petits vendeurs des rues qui proposent leurs sacs en plastique à 10 cents la pièce, en se faufilant dans la dense circulation de la capitale afghane. Mais l’enfant, jeans et veste bleus, coiffé d’un bonnet de laine, s’appelle en fait Khatera et est une fille, envoyée travailler dans la rue par son père pour subvenir aux besoins de sa famille démunie.
La concurrence est féroce entre les enfants et se déguiser en garçon est la seule façon pour elle de pouvoir travailler. Les filles sont brimées et harcelées, explique son père.
« Ma chère fille, contente-toi de vendre tes sacs, ne te bats pas, tu es une fille. Les garçons te frapperaient. Fais juste ton travail et reviens », lui conseille-t-il en l’aidant à enfiler sa veste.
Les Nations unies estiment que 50.000 enfants travaillent dans les rues de la seule capitale afghane. Certains n’ont pas les moyens d’aller à l’école, d’autres sont les seuls à pouvoir subvenir aux besoins de leur famille, privée de père ou dont celui-ci est sans emploi.
Dans ce pays à forte domination masculine, les emplois pour les femmes sont rares.
« Le nombre d’enfants des rues augmente », explique Mohammad Yousif, directeur de l’association Aschiana, qui s’occupe d’eux dans cinq des 34 provinces du pays. « En 2003, il y avait environ 38.000 enfants travaillant dans la rue rien qu’à Kaboul, mais il y en a maintenant environ 60.000 », estime-t-il de son côté.
Selon M. Yousif, « les raisons sont diverses. L’arrivée massive de réfugiés de retour du Pakistan ou d’Iran, la sécheresse dans certaines parties du pays et l’insécurité ont contraint nombre de familles à quitter leur localité d’origine ».
« Résultat, la charge du soutien de la famille repose sur les épaules de ces pauvres enfants », explique-t-il.
Ses deux frères sont encore trop jeunes pour travailler. La subsistance de la famille de Khatera ne dépend donc que d’elle. Elle gagne moins de 2 dollars par jour, quasiment l’unique revenu de la famille.
« Mon père fabriquait des chaussures, mais il a perdu tout son argent dans ce métier, et il ne trouve pas de travail », à l’exception, parfois, de quelques travaux journaliers, raconte Khatera.
« Je suis le seul soutien de la famille. Si je ne me déguise pas en garçon, je ne peux pas travailler dans la rue, parce que je suis maltraitée » par les autres enfants, explique la fillette.
Dans la rue, les enfants occupent toute sorte de petits boulots: récupérateur de déchets, vendeurs de sacs plastique, réparateurs de bicyclettes, cordonniers…
D’autres inventent des stratagèmes, tel celui-ci qui demande l’aumône en vaporisant sur les passants une fumée aromatisée censée éloigner le mauvais sort.
Celui de Bilal, six ans, est bien rodé: chaque jour, il achète des oeufs qu’il laisse volontairement tomber dans une allée poussiéreuse et de son air le plus misérable, tente d’attirer la compassion des passants: « J’ai perdu 100 afghanis (2 dollars), aidez-moi sinon ma famille n’aura rien à manger ce soir », pleurniche-t-il devant sa boîte d’oeufs cassés.
Environ six millions de personnes vivent à Kaboul, ville surpeuplée. En dépit des milliards de dollars déversés depuis la chute du régime taliban fin 2001, l’Afghanistan figure toujours parmi les pays les plus pauvres du monde, et la moitié de ses 30 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté, estiment les Nations unies.
Selon le ministère afghan de l’Education, les écoles publiques accueillent sept millions d’élèves en 2011, contre un million en 2002.
Mais l’éducation de Khatera, au travail 365 jours par an sous le soleil brûlant de l’été ou dans le froid mordant de l’hiver afghan, se limite à quelques cours matinaux à la mosquée voisine, où elle apprend à lire le Coran.
La concurrence est féroce entre les enfants et se déguiser en garçon est la seule façon pour elle de pouvoir travailler. Les filles sont brimées et harcelées, explique son père.
« Ma chère fille, contente-toi de vendre tes sacs, ne te bats pas, tu es une fille. Les garçons te frapperaient. Fais juste ton travail et reviens », lui conseille-t-il en l’aidant à enfiler sa veste.
Les Nations unies estiment que 50.000 enfants travaillent dans les rues de la seule capitale afghane. Certains n’ont pas les moyens d’aller à l’école, d’autres sont les seuls à pouvoir subvenir aux besoins de leur famille, privée de père ou dont celui-ci est sans emploi.
Dans ce pays à forte domination masculine, les emplois pour les femmes sont rares.
« Le nombre d’enfants des rues augmente », explique Mohammad Yousif, directeur de l’association Aschiana, qui s’occupe d’eux dans cinq des 34 provinces du pays. « En 2003, il y avait environ 38.000 enfants travaillant dans la rue rien qu’à Kaboul, mais il y en a maintenant environ 60.000 », estime-t-il de son côté.
Selon M. Yousif, « les raisons sont diverses. L’arrivée massive de réfugiés de retour du Pakistan ou d’Iran, la sécheresse dans certaines parties du pays et l’insécurité ont contraint nombre de familles à quitter leur localité d’origine ».
« Résultat, la charge du soutien de la famille repose sur les épaules de ces pauvres enfants », explique-t-il.
Ses deux frères sont encore trop jeunes pour travailler. La subsistance de la famille de Khatera ne dépend donc que d’elle. Elle gagne moins de 2 dollars par jour, quasiment l’unique revenu de la famille.
« Mon père fabriquait des chaussures, mais il a perdu tout son argent dans ce métier, et il ne trouve pas de travail », à l’exception, parfois, de quelques travaux journaliers, raconte Khatera.
« Je suis le seul soutien de la famille. Si je ne me déguise pas en garçon, je ne peux pas travailler dans la rue, parce que je suis maltraitée » par les autres enfants, explique la fillette.
Dans la rue, les enfants occupent toute sorte de petits boulots: récupérateur de déchets, vendeurs de sacs plastique, réparateurs de bicyclettes, cordonniers…
D’autres inventent des stratagèmes, tel celui-ci qui demande l’aumône en vaporisant sur les passants une fumée aromatisée censée éloigner le mauvais sort.
Celui de Bilal, six ans, est bien rodé: chaque jour, il achète des oeufs qu’il laisse volontairement tomber dans une allée poussiéreuse et de son air le plus misérable, tente d’attirer la compassion des passants: « J’ai perdu 100 afghanis (2 dollars), aidez-moi sinon ma famille n’aura rien à manger ce soir », pleurniche-t-il devant sa boîte d’oeufs cassés.
Environ six millions de personnes vivent à Kaboul, ville surpeuplée. En dépit des milliards de dollars déversés depuis la chute du régime taliban fin 2001, l’Afghanistan figure toujours parmi les pays les plus pauvres du monde, et la moitié de ses 30 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté, estiment les Nations unies.
Selon le ministère afghan de l’Education, les écoles publiques accueillent sept millions d’élèves en 2011, contre un million en 2002.
Mais l’éducation de Khatera, au travail 365 jours par an sous le soleil brûlant de l’été ou dans le froid mordant de l’hiver afghan, se limite à quelques cours matinaux à la mosquée voisine, où elle apprend à lire le Coran.
AFP