
Lutfy al-Amine, un combattant du CNT originaire de la ville de Misrata, raconte qu’il est venu souvent à Syrte, mais que désormais, il reconnaît à peine la cité côtière jadis prospère dont la population avoisinait les 100.000 habitants.
« Tout est détruit », raconte-t-il pendant les combats contre les dernières poches de résistance des pro-Kadhafi. « Mais c’est leur faute. S’ils s’étaient rendus, nous n’aurions pas fait cela », ajoute cet employé de poste de 37 ans.

Mais Misrata a tenu, au prix de combats qui ont fait environ 1.400 morts parmi ses habitants, et ses combattants aguerris ont ensuite participé à la prise de Tripoli, avant de venir poursuivre leur lutte à Syrte.
Mercredi, ils ont fait la jonction avec les combattants venus de Benghazi, l’ancienne « capitale » des rebelles dans l’Est, et ont quadrillé la ville en tirant en l’air pour célébrer la victoire imminente.
A bord de leurs pick-up peints en noir et montés de mitrailleuses ou de canons anti-aériens, ils ne cachaient pas leur fierté après des combats qui ont pourtant fait une centaine de morts et des centaines de blessés parmi leurs camarades en moins d’une semaine.

Avançant maison par maison à la recherche d’armes et de combattants pro-Kadhafi, les anciens rebelles ressortaient parfois les bras chargés d’objets volés, tandis qu’une procession de véhicules « confisqués » quittaient la ville que Mouammar Kadhafi avait voulu ériger en modèle de sa « révolution ».
Dès sa prise du pouvoir en 1969, le colonel Kadhafi a inondé le paisible village côtier près duquel il était né de programmes de grands travaux publics pour ériger une ville à la gloire de son pouvoir.
C’est à Syrte qu’il a accueilli les dirigeants du continent noir pour pousser à la création de l’Union africaine, qu’il voyait comme une étape vers la création d’Etats-Unis d’Afrique dont Syrte aurait été la capitale

La dévastation touchait toute la ville, depuis le palais de Mouammar Kadhafi rasé par les raids de l’Otan jusqu’à la voie rapide du bord de mer, parsemée de débris et bordée de bâtiments détruits par les tirs d’artillerie.
« Nous n’avons pas fait cela pour nous venger. Nous voulions juste les arrêter et être libres », explique Lutfy al-Amine.