Il a commis l’erreur de servir de "mule" dans un pays où la torture était légion, et l’a payé dans sa chair: Fabien Neumann, un jeune Français, est incarcéré depuis trois ans en Tunisie, mais la révolution a redonné à sa mère l’espoir d’une grâce ou d’un transfèrement vers l’Hexagone. Rien ne prédisposait Fabien, 29 ans, originaire de l’Ain, à découvrir la face la plus sombre du régime Ben Ali. Victime de "mauvaises rencontres", selon ses proches, le destin de cet animateur jeunesse au casier judiciaire vierge va pourtant basculer lors d’un séjour en Tunisie.
Le 16 octobre 2008, il est arrêté par les douaniers au port de la Goulette. Dans sa voiture, 145 kilos de haschich destinés au marché français. C’est sa première expérience de "passeur". Elle tourne vite au cauchemar.
Il avoue. Cela ne suffit pas. "Une demi-douzaine d’enquêteurs l’ont giflé à répétition, l’ont déshabillé, l’ont attaché, mains dans le dos, ont fait basculer la chaise par terre et l’ont frappé sur la plante des pieds et les cuisses en proférant des menaces de mort", raconte son avocate, Me Radhia Nasraoui, pasionaria tunisienne des droits de l’Homme, jointe au téléphone à Tunis.
"Ils ont apporté une batterie et l’ont électrocuté au niveau des genoux. Ils l’ont filmé nu en menaçant de le violer, de lui arracher les ongles", explique-t-elle.
Après cinq jours de supplices en garde à vue, stoppés par l’intervention du consulat, Fabien signe des aveux en arabe, sans interprète, incluant des faits qu’il n’a pas commis et est incarcéré à la prison de Mornaguia, près de Tunis, selon sa famille.
Sous Ben Ali, "la torture des détenus était systématique", dénonce Me Nasraoui.
En janvier 2010, le Français est condamné à 40 ans de prison. "J’ai cru que l’immeuble me tombait dessus", se souvient en tremblant sa mère Martine, employée de mairie en Isère.
En appel, la sentence est ramenée à 10 ans. Mais faute de convention de transfèrement entre Paris et Tunis, Fabien purge sa peine à Mornaguia, malgré les supplications de sa mère.
Depuis les tortures, sa vision a beaucoup baissé à l’oeil gauche. Déjà dépressif, le jeune homme souffre de séquelles psychologiques. En juillet, il s’est tailladé les veines, selon ses proches.
"C’est un cauchemar dont il n’arrive pas à se réveiller", témoigne Redouane Heddaji, ami d’enfance de Fabien qui l’a vu en septembre. L’éloignement n’arrange rien. "Nous n’avons aucune famille en Tunisie. C’est la double peine: l’emprisonnement et la distance", plaide sa mère, épuisée par les allers et retours incessants.
La révolution qui a fait chuter le régime Ben Ali en janvier a redonné espoir à Martine, conjurant la Tunisie nouvelle de "démontrer son attachement aux droits de l’Homme".
Emu par son histoire, André Vallini, député (PS) de l’Isère, a saisi les ministres des Affaires étrangères et de la Justice, Alain Juppé et Michel Mercier. "Je ne remets pas en cause la justice tunisienne. C’est l’aspect humanitaire de l’affaire qui me mobilise", a-t-il expliqué à l’AFP. Le député de l’Isère Alain Moyne-Bressand (UMP) soutient également Martine.
Selon la présidence de la République tunisienne, interrogée par l’AFP, "le transfèrement n’est pas possible en l’absence de convention" avec la France.
Deux options subsistent: une grâce présidentielle ou une libération conditionnelle, seulement possible à mi-peine, soit "après 5 ans de détention". Sur la torture, "il faut qu’il y ait plainte, et dans ce cas une enquête sera ouverte", a précisé la présidence tunisiennne.
La France, elle, rappelle être tenue au respect du principe de souveraineté. Mais Bernard Valero, porte-parole du Quai d’Orsay, assure que, malgré l’absence de convention de transfèrement, "des propositions de solution ont été transmises par la France et de nouvelles démarches auront lieu".
Martine, qui s’apprête à porter plainte contre les tortionnaires de son fils, reprendra bientôt l’avion pour voir Fabien au parloir. Il aura 30 ans le 23 octobre, date des premières élections démocratiques en Tunisie.
Le 16 octobre 2008, il est arrêté par les douaniers au port de la Goulette. Dans sa voiture, 145 kilos de haschich destinés au marché français. C’est sa première expérience de "passeur". Elle tourne vite au cauchemar.
Il avoue. Cela ne suffit pas. "Une demi-douzaine d’enquêteurs l’ont giflé à répétition, l’ont déshabillé, l’ont attaché, mains dans le dos, ont fait basculer la chaise par terre et l’ont frappé sur la plante des pieds et les cuisses en proférant des menaces de mort", raconte son avocate, Me Radhia Nasraoui, pasionaria tunisienne des droits de l’Homme, jointe au téléphone à Tunis.
"Ils ont apporté une batterie et l’ont électrocuté au niveau des genoux. Ils l’ont filmé nu en menaçant de le violer, de lui arracher les ongles", explique-t-elle.
Après cinq jours de supplices en garde à vue, stoppés par l’intervention du consulat, Fabien signe des aveux en arabe, sans interprète, incluant des faits qu’il n’a pas commis et est incarcéré à la prison de Mornaguia, près de Tunis, selon sa famille.
Sous Ben Ali, "la torture des détenus était systématique", dénonce Me Nasraoui.
En janvier 2010, le Français est condamné à 40 ans de prison. "J’ai cru que l’immeuble me tombait dessus", se souvient en tremblant sa mère Martine, employée de mairie en Isère.
En appel, la sentence est ramenée à 10 ans. Mais faute de convention de transfèrement entre Paris et Tunis, Fabien purge sa peine à Mornaguia, malgré les supplications de sa mère.
Depuis les tortures, sa vision a beaucoup baissé à l’oeil gauche. Déjà dépressif, le jeune homme souffre de séquelles psychologiques. En juillet, il s’est tailladé les veines, selon ses proches.
"C’est un cauchemar dont il n’arrive pas à se réveiller", témoigne Redouane Heddaji, ami d’enfance de Fabien qui l’a vu en septembre. L’éloignement n’arrange rien. "Nous n’avons aucune famille en Tunisie. C’est la double peine: l’emprisonnement et la distance", plaide sa mère, épuisée par les allers et retours incessants.
La révolution qui a fait chuter le régime Ben Ali en janvier a redonné espoir à Martine, conjurant la Tunisie nouvelle de "démontrer son attachement aux droits de l’Homme".
Emu par son histoire, André Vallini, député (PS) de l’Isère, a saisi les ministres des Affaires étrangères et de la Justice, Alain Juppé et Michel Mercier. "Je ne remets pas en cause la justice tunisienne. C’est l’aspect humanitaire de l’affaire qui me mobilise", a-t-il expliqué à l’AFP. Le député de l’Isère Alain Moyne-Bressand (UMP) soutient également Martine.
Selon la présidence de la République tunisienne, interrogée par l’AFP, "le transfèrement n’est pas possible en l’absence de convention" avec la France.
Deux options subsistent: une grâce présidentielle ou une libération conditionnelle, seulement possible à mi-peine, soit "après 5 ans de détention". Sur la torture, "il faut qu’il y ait plainte, et dans ce cas une enquête sera ouverte", a précisé la présidence tunisiennne.
La France, elle, rappelle être tenue au respect du principe de souveraineté. Mais Bernard Valero, porte-parole du Quai d’Orsay, assure que, malgré l’absence de convention de transfèrement, "des propositions de solution ont été transmises par la France et de nouvelles démarches auront lieu".
Martine, qui s’apprête à porter plainte contre les tortionnaires de son fils, reprendra bientôt l’avion pour voir Fabien au parloir. Il aura 30 ans le 23 octobre, date des premières élections démocratiques en Tunisie.
Diasporas-News — AFP