jeudi, décembre 5, 2024
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En Egypte, une transition qui traîne en longueur

En Egypte, une transition qui traîne en longueur
Il aura suffi de 18 jours de manifestations pour mettre fin à 30 ans de règne de l’ex-président égyptien Hosni Moubarak. Il faudra peut-être 18 mois après sa chute pour voir les généraux qui lui ont succédé quitter le pouvoir. L’armée, qui dirige le pays depuis la démission sous la contrainte du raïs le 11 février, s’est engagée à remettre le pouvoir aux civils après la tenue d’une élection présidentielle. Selon un calendrier annoncé cette semaine, cela pourrait attendre août 2012.
Le président de la commission électorale a indiqué que les élections pour la chambre basse du Parlement se tiendraient en trois tours, du 21 novembre au 3 janvier. Les élections sénatoriales commenceront elles le 22 janvier pour se terminer le 4 mars.
L’armée avait dit qu’après ces élections, une commission allait élaborer une Constitution pour remplacer celle en vigueur sous M. Moubarak, suspendue après sa chute. Elle aura six mois pour travailler, après quoi l’Egypte votera pour un président.
En février, peu parmi les centaines de milliers de personnes ayant bravé la police anti-émeutes et les hommes de main du régime pour exiger la démocratie auraient imaginé que la fin du régime Moubarak mènerait à un pouvoir militaire prolongé.
L’armée elle-même avait évoqué la possibilité, aussitôt M. Moubarak parti, de boucler sur six mois la transition vers un pouvoir civil, puis laissé entendre que cela pourrait se faire avant fin 2011.
Aujourd’hui, un responsable militaire, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, affirme que l’armée n’est pas responsable des retards.
"Il y a eu beaucoup de demandes de retarder les élections. Et il y a un manque de stabilité dans le pays", fait-il valoir.
Le pays est le théâtre de violences sporadiques, et la police ne revient que progressivement assurer la sécurité dans les rues.
Le responsable militaire a déclaré que la décision de tenir les élections des députés et des sénateurs séparément, ce qui va prolonger la période de transition, a été prise suite à une demande des juges, qui ont dit qu’ils n’étaient pas assez nombreux pour les surveiller en même temps.
La transition a jusqu’ici été marquée par une pléthore de demandes parfois confuses de la part d’une multitude de groupes et de partis politiques, et parfois par des réponses tout aussi confuses de la part des militaires et du gouvernement de transition.
Les manifestants qui ont renversé M. Moubarak protestent aujourd’hui contre le pouvoir militaire, remplaçant Moubarak par le chef du Conseil militaire au pouvoir, le maréchal Hussein Tantaoui, dans leurs slogans.
Toutefois plusieurs groupes laïques demandent dans le même temps le report des législatives, craignant que leurs rivaux islamistes, mieux organisés et sans problème de financement, ne raflent la majorité des sièges.
"Il y a des demandes contradictoires, et c’est le résultat de la faiblesse du gouvernement du Premier ministre Essam Charaf", chargé des gérer les affaires courantes sous la tutelle des militaires, souligne Nabil Abdel Fattah, un analyste au Centre al-Ahram pour les études politiques et stratégiques.
"C’est le résultat de l’absence d’une feuille de route claire pour la transition", ajoute-t-il.
Les Frères musulmans, la force réputée la mieux structurée, réclament des législatives au plus vite, soupçonnant les militaires de jouer la montre pour rester le plus longtemps possible aux commandes.
La confrérie, dans un communiqué récent, a critiqué "une lenteur inacceptable et injustifiée du gouvernement et du Conseil militaire" dans le transfert de pouvoir aux civils, ajoutant que "le vrai problème vient du fait qu’il n’y a pas de conviction que le peuple est la source de la légitimité".
A ces problèmes de calendrier s’ajoutent celui du mode de scrutin -toujours en débat- et une polémique non tranchée sur l’adoption ou non, à défaut d’une Constitution en bonne et due forme, d’une déclaration de principes fondamentaux avant les législatives. 

Diasporas-News — AFP

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