
Sur le terrain, des dizaines de civils ont profité d’une accalmie pour fuire Bani Walid (170 km au sud-est de Tripoli), ville pro-Kadhafi assiégée par les forces du nouveau régime, tandis que des combattants du nouveau régime ont annoncé un soulèvement à Syrte, un autre bastion pro-Kadhafi.
"Il n’est pas possible de céder la Libye aux colonisateurs une nouvelle fois", a affirmé Mouammar Kadhafi dans un message lu lundi à l’écran par Michane al-Joubouri, directeur de la chaîne Arraï, basée à Damas et dernier média à recevoir des messages du dirigeant déchu.
A cette occasion, M. Joubouri a assuré que le colonel Kadhafi se trouvait toujours en Libye: "Avec ses combattants et son peuple, il mène la résistance sur le sol libyen, pas au Venezuela, au Niger ou ailleurs".

"L’islam sera la principale source de la législation" dans la nouvelle Libye, a déclaré le numéro un du CNT dans son premier discours en public à Tripoli devant la foule réunie sur la Place des Martyrs.
A son arrivée à Tripoli samedi pour la première fois depuis le début de la révolte en février, M. Abdeljalil avait appelé les combattants à s’unir "pour libérer les villes", au moment où 12 personnes ont été tuées dans des affrontements fratricides, premier incident du genre en sept mois de conflit.
Son numéro deux, Mahmoud Jibril, a annoncé dimanche la formation d’un gouvernement de transition d’ici "une semaine à dix jours".
Sur le plan diplomatique, la Chine a pris acte lundi de la chute de M. Kadhafi, devenant le dernier membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU à reconnaître officiellement le Conseil national de transition (CNT) libyen.

Ces proches du "Guide" en fuite, entrés au Niger en quatre convois, sont "reçus" pour des "raisons humanitaires", a-t-il souligné, précisant qu’à sa connaissance, aucun d’entre eux ne faisait l’objet d’un mandat d’arrêt ou de poursuites au niveau international.
Le Niger a assuré qu’il respecterait ses engagements internationaux si une personne recherchée se trouvait sur son sol. A Washington, la porte-parole du département d’Etat a d’ailleurs déclaré que les autorités nigériennes avaient l’intention d’arrêter Saadi Kadhafi à son arrivée à Niamey.
Parmi les autres fils de M. Kadhafi, Hannibal et Mohamed sont réfugiés en Algérie avec leur soeur Aïcha et l’épouse de l’ancien "Guide" Safiya, tandis que Seif al-Arab et Khamis seraient morts

Après de violents combats qui ont fait 10 morts et une vingtaine de blessés dimanche à Bani Walid, la journée de lundi a été consacrée au repos et au renforcement des positions, a expliqué un commandant pro-CNT tandis que des avions de l’Otan survolaient la zone en permanence.
"Nous estimons qu’ils ont environ 200 tireurs embusqués", a déclaré Abdallah Kenchil, responsable des négociations avec les autorités de la ville, qui a précisé que le nombre de familles ayant réussi à partir était relativement faible par rapport aux 100.000 habitants de la ville.
Plutôt qu’une ville, Bani Walid est surtout une succession de 52 villages sur une vaste étendue parsemée de collines, qui se prête mal à une offensive d’envergure, d’autant plus que la plupart des habitants sont armés, ont rapporté des combattants.
Riba Ahmed, un chirurgien de l’hôpital de campagne installé près de l’oasis, a aussi dénoncé les mauvais traitements infligés à un prisonnier pro-Kadhafi amené blessé à son service: "Il présentait des signes de tortures (…). Je crains que l’on soit en train de remplacer un Kadhafi par un autre".
La bataille pour Syrte semblait encore moins bien engagée. Malgré des renforts massés sur la route côtière pour attaquer par l’ouest, aucun mouvement n’a été signalé lundi. Dimanche, un groupe de combattants a désobéi aux ordres et avancé jusqu’à 50 km de la ville, avant de subir "un déluge" de roquettes et de revenir rejoindre le reste des troupes à environ 100 km à l’ouest.
Par l’est, les pro-CNT se trouvent encore à une soixantaine de kilomètres de Syrte et ne progressent que par sauts de puce. Ils ont de plus subi à l’arrière une contre-offensive des pro-Kadhafi qui a fait 12 morts dans leurs rangs sur un site pétrolier près de Ras Lanouf, conquis fin août.
Le Conseil militaire de Misrata, au nord-ouest de Syrte, a cependant annoncé la mort de quatre personnes apparemment dans un soulèvement anti-Kadhafi à l’intérieur de la ville, une information impossible à vérifier de source indépendante.
Diasporas-News — AFP