Les dirigeants des pays sahélo-sahariens réunis samedi à N’Djaména ont appelé à poursuivre les efforts visant à soutenir « le processus politique, diplomatique et militaire » pour « parvenir à une stabilité définitive au Mali », en guerre contre des groupes islamistes armés.
Les chefs d’Etat et de gouvernement « lancent un appel à tous les membres de la CEN-SAD (Communauté des Etats sahélo-sahariens) afin de continuer à apporter leur appui au processus politique, diplomatique et militaire en cours en vue de parvenir à une stabilité définitive au Mali », selon le communiqué final de la CEN-SAD, qui regroupe 28 pays.
Au terme du sommet extraordinaire de la CEN-SAD, les pays sahélo-sahariens ont annoncé une contribution de 500 millions de Francs CFA (760.000 euros) à la Mission internationale de soutien au Mali (Misma), force ouest-africaine mandatée pour aider les Maliens à reprendre le contrôle du nord du pays tombé en 2012 aux mains de groupes islamistes armés.
Dix chefs d’Etat participaient à cette rencontre, parmi lesquels le Malien Dioncounda Traoré, l’Ivoirien Alassane Ouattara, le Burkinabè Blaise Compaoré et le Soudanais Omar el-Béchir.
La Cour pénale internationale, qui recherche Béchir pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide au Darfour (ouest du Soudan), a lancé samedi un appel au Tchad pour faire arrêter le président soudanais.
Mais depuis le rapprochement politique amorcé en janvier 2010 entre le Tchad et le Soudan, N’Djamena a régulièrement ignoré les appels de la CPI en vue de l’arrestation d’Omar el-Béchir, qui s’est notamment rendu au Tchad pour le précédent sommet de la CEN-SAD en 2010.
Les participants ont également exprimé leur « grande préoccupation sur la question du terrorisme, phénomène qui menace tout l’espace CEN-SAD et qui doit être éradiqué collectivement par les Etats ».
Le chef de l’Etat tchadien Idriss Déby Itno et Alassane Ouattara, président en exercice de la Communauté économique de Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), ont plaidé pour une mobilisation collective destinée à faire face aux crises sécuritaires qui secouent la zone sahélo-saharienne.
Le Tchad, qui ne fait pas partie de la Misma, a promis l’envoi au Mali de 2.000 soldats.
« Le cas malien doit nous interpeller tous et nous inciter à accélérer les mesures qui s’imposent pour l’avenir, c’est-à-dire l’activation des forces africaines en attente », a indiqué le président Déby. L’Union africaine a décidé la création dans les grandes régions du continent de forces armées en attente pour s’interposer dans les conflits, mais leur mise en place n’est pas encore effective.
Les dirigeants réunis à N’Djaména ont également exprimé leur gratitude envers la France, engagée militairement au Mali depuis le 11 janvier, qui a « stoppé l’avancée de groupes terroristes vers le sud du Mali et créé les conditions d’une reconquête des territoires occupés », selon le communiqué.
Les forces africaines comptent actuellement environ 4.300 hommes sur le terrain, dont quelque 1.800 Tchadiens.
La menace jihadiste reste bien présente dans le nord du Mali notamment à Gao, ville reprise aux islamistes le 26 janvier, devenue entre-temps le théâtre des premiers attentats suicides de l’histoire du Mali et de violents combats de rue avec des combattants jihadistes infiltrés dans la ville.
Au cours de ce sommet, les participants ont aussi « adopté le traité révisé de la communauté » CEN-SAD, qui prévoit notamment la création d’un Conseil permanent de paix et de sécurité.
Le conflit au Mali, la crise qui a conduit à la formation d’un gouvernement d’union nationale avec les rebelles du Séléka en Centrafrique, et les menaces terroristes qui pèsent sur plusieurs pays de la région incitent aujourd’hui les pays sahélo-sahariens à parler d’une même voix sur les questions sécuritaires.
La CEN-SAD a été créée en Libye le 4 février 1998 à l’initiative de l’ancien guide Mouammar Kadhafi.
AFP