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Soudan: dix ans après le soulèvement, quelle paix au Darfour?

Soudan: dix ans après le soulèvement, quelle paix au Darfour?
Dix ans après le début d’une rébellion au Darfour contre le pouvoir central de Khartoum, les violences ont certes baissé en intensité mais ont changé de nature dans cette vaste région de l’ouest du Soudan, toujours frappée par une crise humanitaire.
Le 26 février 2003 des rebelles non-arabes s’étaient emparé du chef-lieu d’une province du Darfour. Ils réclamaient notamment un partage plus équitable des ressources et plus d’autonomie pour leur région qu’ils estimaient « marginalisée » par les autorités de Khartoum, à majorité arabe.
En réaction, le gouvernement avait chargé les milices arabes Janjawids de mater la révolte. Rapidement, elles avaient été accusées de terribles exactions contre les cultivateurs sédentaires africains.
Le conflit est à l’origine de 300.000 morts -10.000 selon les autorités- et de 2,7 millions de déplacés selon les estimations de l’ONU en 2008.
Le président soudanais Omar el-Béchir est depuis 2009 sous le coup de mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre.
Deux accords de paix conclus depuis 2003 entre des rebelles et Khartoum ont échoué à mettre fin à la révolte dont les violences ont atteint leur pic en 2003 et 2004.
« En ce moment, on se trouve ni dans une vraie guerre, ni dans une vraie paix », affirme un militant de la société civile au Darfour-Nord, où la violence a augmenté ces derniers mois.
Un travailleur humanitaire est plus affirmatif: « De quelle paix parle-t-on? (…) C’est un état de guerre ».
« Pas oublié mais ignoré »

Soudan: dix ans après le soulèvement, quelle paix au Darfour?
Mais les choses auraient été « bien plus précaires » pour les civils si la force conjointe ONU-Union africaine de maintien de la paix dans la région soudanaise du Darfour (Minuad) n’avait pas été déployée en 2007, estime Dane Smith, conseiller pour le Darfour pour l’administration américaine.
Un haut responsable du Darfour, Eltigani Seisi, assure lui que la sécurité s’est largement améliorée dans la plus grande partie de cette région.
Mais selon le chef historique de la rébellion, Abdelwahid Nour, les Darfouris sont toujours « tués, violés, chassés de leur terre ».
Son groupe, une faction de l’Armée de libération du Soudan (SLA), avait rejeté un accord de paix avec Khartoum en juillet 2011 et formé quatre mois plus tard avec d’autres rebelles du Darfour ainsi que des insurgés des Etats du Kordofan-Sud et du Nil-Bleu, un Front révolutionnaire du Soudan (FRS), avec pour l’objectif: renverser le gouvernement de Khartoum.
« Je pense que l’un des problèmes clés dans ce pays est le déséquilibre entre le centre et la périphérie », indique un diplomate étranger sous couvert d’anonymat.
En attendant, le Darfour est toujours la proie à une grande insécurité et les heurts entre rebelles et troupes gouvernementales se poursuivent.
Les milices arabes, dont certaines ont remis en cause leur allégeance à Khartoum, se sont reconverties dans les enlèvements et le banditisme et ont même commencé à se battre entre elles, devenant « incontrôlables », selon des sources humanitaires.
En janvier, des combats entre deux tribus arabes pour le contrôle de mines au Darfour-Nord ont provoqué l’exode de quelque 100.000 personnes.
« Il y a toujours une crise humanitaire », rappelle la porte-parole du PAM au Soudan, Amor Almagro.
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), au moins 1,4 million de personnes vivent encore dans des camps de déplacés.
« J’ai l’impression que le Darfour n’est pas oublié mais je dirais qu’il est ignoré », estime une source humanitaire. 

AFP 

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