Les insurgés islamistes somaliens shebab vont « tuer un par un » tous les députés somaliens de la nouvelle Chambre désignée en août, a menacé lundi un de leurs responsables, affirmant que le député Mustafa Haji Mohamed, assassiné samedi, avait été le premier de la liste.
« L’élimination réussie de Mustafa Haji Mohamed était l’oeuvre de moudjahidine déterminés à tuer tous les députés », a déclaré à l’AFP, sous le couvert de l’anonymat, ce responsable, joint par téléphone depuis Nairobi.
« Nous allons tuer un par un les (…) députés somaliens, qui sont des mécréants et complices de l’occupation de leur pays » par des forces étrangères, a-t-il poursuivi en référence aux troupes de l’Union africaine (Amisom) et au contingent éthiopien qui épaulent les forces gouvernementales somaliennes face aux shebab.
Mustafa Haji Mohamed, beau-père de l’ancien président Sharif Cheikh Ahmed (2009-2012), a été abattu samedi soir, à la sortie d’une mosquée de Mogadiscio.
C’est le premier député assassiné en Somalie depuis la désignation par une assemblée de chefs claniques de la nouvelle « Chambre du Peuple » qui compte 275 sièges.
« Les 274 autres sont sur la liste d’attente pour mourir s’ils n’abandonnent pas » leur siège à l’Assemblée, « mise en place en infraction de la loi islamique », a ajouté ce responsable shebab.
Cheikh Sharif Ahmed, battu le 10 septembre au second tour de la présidentielle, est considéré comme un traître par les shebab, pour avoir rallié les autorités de transition dont il a pris la tête en 2009 après les avoir combattues à la tête d’une rébellion islamiste.
Le 12 septembre, moins de 48 heures après son élection, le nouveau président somalien Hassan Cheikh Mohamoud était sorti indemne d’un attentat revendiqué par les shebab et mené par trois kamikazes qui avaient attaqué l’hôtel où il se trouvait.
Depuis qu’ils ont été chassés en août 2011 de Mogadiscio, les shebab ont perdu un à un la quasi-totalité de leurs bastions mais contrôlent encore de vastes zones du sud et du centre de la Somalie. Ils ont multiplié les opérations de guérilla et les attentats, notamment dans la capitale.
Le 20 septembre, un double attentat suicide a tué 18 personnes dans un restaurant du centre de Mogadiscio, ouvert par un Somalien de la diaspora revenu investir et fréquenté par une clientèle plutôt aisée; un établissement souvent présenté comme un symbole de la timide renaissance de la capitale somalienne, ravagée par 20 ans de guerre civile et de combats urbains.
Les shebab ont affirmé n’avoir pas « directement ordonné » ce double attentat, l’attribuant à des « sympathisants » hostiles à l’intervention militaire étrangère en Somalie.
L’attentat contre ce restaurant est le plus meurtrier depuis celui ayant visé un complexe ministériel le 4 octobre 2011 qui avait fait 82 morts et avait été revendiqué par les shebab.
Les forces gouvernementales somaliennes et le contingent kényan de l’Amisom avançaient ces derniers jours vers Kismayo, ville portuaire, dernier bastion des shebab, en annonçant un assaut imminent.
AFP