L’accord permet ainsi, s’il est adopté par le Congrès avant mardi minuit, date butoir fixée par le Trésor, d’empêcher l’administration américaine d’être confrontée dans les jours qui suivent à un défaut de paiement. Le vote pourrait avoir lieu dès lundi.
Le soulagement était notable sur les marchés après l’annonce. La Bourse de Tokyo a clôturé en nette hausse de 1,34%, Séoul de 1,83% et Sydney de 1,62%. Pétrole et dollar étaient à la hausse.
Le président de la Chambre des représentants américaine, le républicain John Boehner, a qualifié le plan de remède permettant d’éviter "un défaut qui aurait tué l’emploi et dont personne ne voulait".
Le chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, s’est dit "heureux que les deux partis aient été capables de se rassembler et de produire les grandes lignes d’un plan que nous pourrons recommander dans notre groupe (républicain)".
La chef de la minorité démocrate de la chambre basse, Nancy Pelosi, a indiqué qu’elle verrait lundi lors d’une réunion avec ses collègues, "comment nous pouvons (…) aider" à l’adoption du plan.
Car le chef de la majorité démocrate du Sénat, Harry Reid, a averti: "nous aurons besoin du soutien des démocrates et des républicains (au Congrès) pour adopter cet accord. Aucun parti, dans aucune chambre, ne peut le faire seul".
Le compromis trouvé fait en effet des mécontents dans les deux camps. Il ne prévoit aucune hausse d’impôts sous aucune forme, ce qui risque de mal passer sur la gauche du parti démocrate. Et il hérisse le puissant "Tea Party" ultra-conservateur, qui réclame des coupes drastiques dans les dépenses de l’Etat fédéral
Michelle Bachmann, représentante qui s’est lancée dans la course aux primaires républicaines sous les couleurs du "Tea Party", a d’ailleurs immédiatement dénoncé le compromis comme "dépensant trop et ne coupant pas assez. Quelqu’un doit dire non. Je le ferai".
Selon un responsable américain qui a requis l’anonymat, l’accord prévoit un relèvement du plafond de la dette d’au moins 2.100 milliards de dollars, pour permettre au Trésor de faire des emprunts après le 2 août. Le tout pour tenir jusqu’en 2013, soit après la prochaine présidentielle à laquelle M. Obama est candidat.
Cette mesure sera accompagnée d’une première réduction des dépenses de 1.000 milliards de dollars. Une commission spéciale bipartite du Congrès sera ensuite chargée de trouver — avant Thanksgiving, fin novembre — des baisses de dépenses supplémentaires à hauteur de 1.500 milliards de dollars.
Dans le cas où aucun accord n’interviendrait sur des réductions supplémentaires, un mécanisme contraignant se mettrait en place, imposant automatiquement un certain nombre de coupes.
Un responsable de la Maison blanche a néanmoins indiqué que la Sécurité sociale et Medicare, le programme de santé pour les plus âgés, ne seraient pas touchés par ces coupes automatiques.
C’est sur ce point notamment que les négociations avaient stagné ces derniers jours.
Les républicains ont obtenu d’importantes baisses des dépenses sans céder sur une hausse des impôts des ménages les plus riches ou la suppression de niches fiscales, comme celle qui profite aux propriétaires d’avions d’affaires, et qui a été dénoncée à de nombreuses reprises par le président lui-même.
Selon M. Obama l’accord va ramener les dépenses fédérales à leur plus bas niveau depuis 60 ans, mais il s’est engagé à ce que cela ne se fasse pas de manière "abrupte" qui mette en danger l’économie du pays, qui peine toujours à se remettre de la crise de 2008, avec une croissance anémiée (1,3%) et un chômage à 9,2%. L’administration espère qu’une bonne partie des coupes se fera dans les budgets militaires, à l’heure du désengagement en Irak et en Afghanistan.
Dimanche, le Sénat avait écarté une proposition démocrate pour relever le plafond de la dette, qui avait déjà été condamnée par la minorité républicaine samedi.
Après le rejet de ce plan, proposé par M. Reid, les espoirs se sont tournés vers les négociations entre républicains, démocrates et la Maison Blanche pour relever le plafond de la dette, actuellement de 14.294 milliards de dollars, avant mardi.
Les deux parties ont fait des concessions au fil des négociations, mais leurs positions restent largement opposées. D’un côté, les républicains réclament des baisses d’impôts et des réductions budgétaires drastiques. De l’autre, les démocrates veulent accompagner la rigueur budgétaire d’efforts fiscaux de la part des plus riches.
Diasporas-News –AFP