Les économies d’Afrique subsaharienne connaissent une croissance « robuste » en dépit du ralentissement économique planétaire, selon un rapport publié jeudi par la Banque mondiale.
« L’Afrique subsaharienne devrait connaître une croissance de 4,8% en 2012, soit un taux de croissance presque inchangé par rapport à celui de 4,9% enregistré en 2011 », écrit l’organisation internationale dans un communiqué à l’occasion de la parution de ce rapport semestriel sur les « enjeux façonnant les perspectives économiques de l’Afrique ».
En excluant l’Afrique du Sud, première économie du continent, la croissance économique devrait même atteindre 6% pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, note la Banque mondiale (BM).
Selon elle, « les pays africains n’ont pas été épargnés par la récente période de volatilité sur les marchés attribuable à la crise de l’euro, ni par le ralentissement de la croissance qui est constaté dans certaines des économies en développement les plus importantes, en particulier en Chine », qui « demeure un important marché pour les exportations de minéraux d’Afrique ».
Néanmoins, ajoute la BM, « le maintien des prix élevés des matières premières et une solide croissance des exportations dans les pays qui ont découvert des ressources minérales ces dernières années, ont alimenté l’activité économique et devraient constituer le moteur de la croissance économique de l’Afrique pour le reste de 2012 ».
Relevant que l’économie mondiale reste « fragile », la Banque souligne que les taux de croissance robustes relevés en Afrique demeurent « vulnérables » à une éventuelle détérioration de la situation en Europe.
Elle s’inquiète d’autre part des « récentes flambées des prix des denrées alimentaires et des céréales », et de leurs conséquences pour la suffisance alimentaire de la population, en particulier au Sahel, déjà touché par « des invasions de criquets pèlerins […]? une sécheresse et un conflit ».
Le rapport insiste sur l’importance des ressources naturelles de l’Afrique, encore mise en évidence par de récentes découvertes, et le fait qu’un certain nombre de pays producteurs pourraient en tirer profit pendant plusieurs décennies encore, en raison de leurs réserves « considérables ».
Pour la Banque mondiale, après deux décennies et demie « perdues », où la croissance de l’Afrique a été inférieure à celle de l’ensemble de la planète, le tournant du millénaire a vu le continent commencer à rattraper son retard.
Aujourd’hui, 22 pays subsahariens (soit 400 millions de personnes) sont « à revenu intermédiaire », c’est-à-dire que le revenu national brut annuel par habitant y est supérieur à 1.000 dollars. Selon le rapport, ils devraient être rejoint par dix autres pays représentant aujourd’hui 200 millions d’habitants d’ici à 2025.
La Banque recommande aux pays riches en ressources naturelles d’investir sans attendre « dans l’amélioration de la santé et de l’éducation et dans la création d’emplois, tout en réduisant la pauvreté ». Car, avertit son économiste en chef pour la Région Afrique, Shantayanan Devarajan, « cela ne se produira pas automatiquement lorsque les pays deviendront riches ».
M. Devarajan en veut pour preuve le cas du Gabon qui, « avec un revenu par habitant de 10.000 dollars, affiche un des taux d’immunisation des enfants les plus faibles d’Afrique ».
AFP