jeudi, décembre 26, 2024
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Traite des êtres humains: évolution "inquiétante" en Europe du sud-est

Traite des êtres humains: évolution

La traite des êtres humains connaît une évolution « inquiétante » en Europe du sud-est avec une hausse de toutes les formes d’exploitation et notamment celle des mineurs, ont estimé des experts réunis jeudi et vendredi à Bucarest.

« Il y a une augmentation de la traite et pas uniquement pour l’exploitation sexuelle », a déclaré la représentante spéciale de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour ce dossier, Maria-Grazia Giammarinaro.

De plus en plus de femmes, d’hommes mais surtout d’adolescents et d’enfants originaires des pays des Balkans, de Moldavie ou d’Ukraine sont victimes de réseaux qui les forcent à se prostituer, à travailler comme des esclaves, à mendier ou commettre des délits.

Leur destination: la « vieille Europe », à l’ouest mais également la Russie, la Turquie, Chypre ainsi que les zones touristiques autour de la Mer Noire –Roumanie, Bulgarie– et sur l’Adriatique, en Croatie et au Montenegro.

« En 2011, les principaux pays de destination pour les victimes ukrainiennes ont été la Russie et la Pologne », selon Yelizaveta Stepanu du Centre international des droits des femmes ukrainien.

« Le phénomène de la traite en Europe du sud-est est inquiétant car l’exploitation des mineurs est en augmentation. Les réseaux se focalisent sur les personnes les plus vulnérables », a indiqué à l’AFP Eric Panloup, conseiller régional pour la France en matière de lutte contre la traite des êtres humains en Europe du sud-est.

Ces derniers sont contraints à la prostitution, à voler ou à mendier, souligne ce gendarme français qui a sillonné 16 pays de la région.

En Roumanie, la majorité des femmes identifiées comme victimes de traite en 2011 avaient 16 ans, selon des chiffres officiels.

Difficile toutefois d’évoquer des chiffres précis sur le nombre de victimes en raison de la clandestinité de ces activités mais aussi des pratiques différentes en Europe pour comptabiliser ces affaires.

En France, 60 enquêtes pour traite d’êtres humains ont été ouvertes depuis 2004 et seules deux ont abouti à des condamnations, souligne Patrick Hauvuy, directeur de l’ALC, une structure qui offre un hébergement aux victimes.

D’autres cas ont cependant fait l’objet de poursuites mais sous des qualifications différentes: proxénétisme, esclavage etc…

Les acteurs de terrain réunis à cette conférence organisée par la France et la Roumanie sont toutefois formels: le phénomène est en augmentation.

Pour le combattre, pas question de miser uniquement sur la répression et la collaboration entre services de police des différents pays, même si elle est cruciale, comme le prouve l’expérience d’équipes d’enquête communes entre la France et la Roumanie.

« La lutte contre la traite ne peut pas se passer de la coopération avec les ONG parce que l’assistance et la protection des victimes est cruciale », insiste M. Panloup.

Présentes sur le terrain, les ONG nouent les premiers contacts de confiance avec les victimes, premier pas pour mettre fin à l’exploitation.

Ce sont elles qui, dans certains pays d’Europe du sud-est où l’Etat est défaillant, accompagnent les victimes pour se réadapter, un parcours qui peut durer des années.

Seule une personne protégée acceptera éventuellement de témoigner contre ceux qui l’ont exploitée.

La prévention est aussi cruciale mais difficile dans une partie de l’Europe qui souffre de pauvreté, d’un accès à l’éducation et à l’emploi inégal mais aussi d’un manque de culture démocratique, relève Marian Titulescu, secrétaire d’Etat roumain à l’Intérieur.

Une vulnérabilité accentuée par la crise économique.

« Nous craignons que des Moldaves qui travaillaient en Europe de l’Ouest perdent leur emploi et tombent dans des réseaux d’exploitation », confie Ecaterina Berejan du Comité national de lutte contre la traite de Moldavie, pays le plus pauvre d’Europe et où sont recrutées de nombreuses victimes.

« Les posters de mise en garde c’est bien mais qu’est-ce qu’on fait dans les ghettos quand des familles ont un revenu mensuel d’à peine 50 euros et qu’une fille qui part se prostituer gagne 200 euros par jour? », s’interroge Valeriu Nicolae qui travaille dans un quartier défavorisé de Bucarest.

Et d’ajouter: « Qu’est-ce qu’on fait pour empêcher la traite quand il n’y a rien qui existe pour stimuler la création d’emplois dans ces zones ou offrir une alternative? ».    

AFP 

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