Le Premier ministre de RDC Augustin Matata Ponyo, en visite en France, défend les progrès réalisés par son pays en matière de démocratie et de bonne gouvernance pour « rassurer les investisseurs » un mois après les critiques de François Hollande sur la situation des droits de l’homme à Kinshasa.
Dans un entretien à l’AFP, M. Matata Ponyo a nié toute tension entre Paris et Kinshasa, appelant même la France à défendre « haut et fort » aux Nations unies la voix de la République démocratique du Congo, en proie depuis six mois à une rébellion armée.
« Contrairement à ce que d’aucuns peuvent croire, les relations entre la France et la RDC n’étaient pas tendues » lors du sommet de la Francophonie de Kinshasa, a affirmé M. Matata Ponyo. « Il ne faut pas se fier aux apparences. Ce sommet a été l’occasion pour les responsables d’observer qu’il y a eu beaucoup de progrès. Il reste encore beaucoup à faire, c’est ce à quoi nous nous attelons », a-t-il assuré.
Avant et pendant le sommet de Kinshasa, François Hollande avait dénoncé des « réalités inacceptables » en RDC, évoquant notamment l’assassinat en 2010 du militant des droits de l’homme Floribert Chebeya dont sont accusés des policiers.
« Il faut laisser la justice faire son travail », a déclaré le Premier ministre congolais, assurant que le processus irait « jusqu’à son terme » et soulignant que « la justice congolaise a donné, à tous, de manière exceptionnelle la possibilité de suivre ce procès, de manière publique, télévisée ».
Evoquant la question de la démocratie, alors que le président Hollande avait ouvertement émis des doutes sur les conditions de la réélection du président Kabila en novembre 2011, M. Matata Ponyo a rappelé que le Parlement débattait actuellement d’un projet visant à restructurer la commission nationale électorale.
« Les députés de la majorité présidentielle et ceux de l’opposition sont en train d’y travailler et nous avons la ferme conviction que nous aboutirons à un projet commun », a-t-il assuré.
« Potentialités énormes »
La visite du chef du gouvernement de RDC à Paris intervient par ailleurs après l’annonce mardi par les Etats-Unis et l’Onu de sanctions à l’encontre du chef de la rébellion du M23, le colonel Sultani Makenga.
Kinshasa espérait que ces sanctions soient élargies à des responsables rwandais nommément mis en cause dans un rapport d’experts de l’Onu pour leur soutien à cette rébellion dans l’est de la RDC.
« Nous souhaitons que la France en tant que membre permanent du Conseil de sécurité porte haut et fort la volonté de la RDC que tous ceux qui sont impliqués dans ce rapport soient sanctionnées », a dit M. Matata Ponyo, précisant avoir discuté de cette question mercredi à l’Elysée avec le conseiller diplomatique de François Hollande, Paul-Jean Ortiz.
Lors de son séjour à Paris, M. Matata Ponyo rencontrera plusieurs membres du gouvernement français, dont le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius jeudi et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault vendredi, mais aussi des opérateurs économiques.
Son objectif, a-t-il dit, est de « rassurer les investisseurs français quant à la volonté et la détermination » des autorités congolaises de faire « un travail de fond, de réformes pour assainir l’environnement des affaires, l’environnement judiciaire, l’environnement fiscal ».
« Les potentialités sont énormes », a-t-il rappelé, citant les secteurs des mines, des hydrocarbures, de l’agriculture, des infrastructures, des télécommunications et de l’industrie.
En 2011, la RDC a enregistré une croissance de 7% de son PIB. Le gouvernement ambitionne d’atteindre les 15% en 2016.
AFP