Israël a provisoirement repoussé l’option d’une offensive terrestre contre la bande de Gaza au moment où la diplomatie internationale prend le pas pour empêcher une escalade de plus en plus meurtrière dans une région au bord de l’explosion.
« Une décision a été prise de suspendre provisoirement tout projet d’offensive terrestre pour donner des chances à un succès des efforts diplomatiques », a déclaré à l’AFP un haut responsable gouvernemental au septième jour de l’opération « Pilier de défense » contre les groupes palestiniens armés de Gaza.
– L’heure du choix –
« Ils ont discuté à la fois de l’état des (efforts) diplomatiques et de l’opération militaire », a dit ce responsable, qui a requis l’anonymat, à la suite d’une réunion dans la nuit de lundi à mardi du forum des neufs principaux ministres du gouvernement de Benjamin Netanyahu.
Selon les médias israéliens, Israël souhaite qu’une trêve de 24 à 48 heures soit observée afin que les parties puissent élaborer un cessez-le-feu durable.
Un éditorialiste du quotidien Haaretz, Ari Shavit, exhortait mardi les dirigeants israéliens à « sortir de là tant que vous le pouvez encore ».
« Israël doit maintenant décider laquelle de deux mauvaises options est la meilleure: un cessez-le-feu difficile ou une sale guerre terrestre. Il n’y aura pas de victoire claire dans la bande de Gaza », écrit-il, en reconnaissant qu' »il ne sera pas facile de vendre à l’opinion israélienne un cessez-le-feu qui comporte des résultats significatifs pour le Hamas », au pouvoir à Gaza.
« Mais amplifier l’opération +Pilier de défense+ comporte un important risque politique, régional et moral ».
Depuis le début de l’offensive israélienne mercredi, 116 Palestiniens ont été tués à Gaza et quelque 920 blessés, selon des sources médicales. Trois Israéliens ont également péri.
Dans ce contexte de vive tension, des gardes de l’ambassade américaine à Tel-Aviv ont ouvert le feu mardi contre un homme armé d’une hache et d’un couteau qui a attaqué l’un d’eux, selon la police israélienne. L’assaillant, qui est originaire d’une ville au sud de Tel-Aviv, n’est « pas arabe », a précisé la police.
« Nettoyage ethnique »
Au Caire, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, attendu dans la journée à Jérusalem, a appelé toutes les parties en conflit à Gaza « à cesser le feu immédiatement ». « Toute nouvelle escalade mettrait toute la région en péril », a-t-il estimé au côté du chef de la Ligue arabe Nabil al-Arabi.
M. Arabi doit se rendre de son côté mardi à Gaza, avec une délégation ministérielle de la Ligue. « L’important est (…) de faire sentir aux habitants de Gaza qu’ils ne sont absolument pas seuls », a expliqué le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a accusé Israël de mener un « nettoyage ethnique » contre les Palestiniens.
Après six jours de crise aiguë, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton doit pour sa part quitter Phnom Penh mardi pour se rendre en Israël, en Egypte et à Ramallah, le siège de l’Autorité palestinienne, selon un responsable américain.
Mme Clinton rencontrera notamment M. Netanyahu et le président palestinien Mahmoud Abbas.
L’ambassadrice américaine auprès de l’ONU, Susan Rice, a annoncé lundi soir que les Etats-Unis ne donneraient pa
s leur aval à un texte du Conseil de sécurité qui sape, selon eux, les efforts entrepris pour parvenir à un cessez-le-feu.
Depuis le début des bombardements sur Gaza, Washington a assuré son allié israélien d’un soutien sans faille, le président Barack Obama soulignant notamment que les tirs de roquettes vers Israël avaient « précipité » la crise.
A Gaza, six Palestiniens ont été tués mardi matin dans des frappes aériennes, selon les services d’urgences.
Un des bombardements a gravement endommagé la Banque nationale islamique dans la ville de Gaza, mise en place par le gouvernement du Hamas et où les fonctionnaires de l’exécutif du Hamas perçoivent leur salaire, selon les mêmes sources.
Par ailleurs, une série de raids a visé des maisons de chefs militaires du Hamas, sans faire de blessé, selon les services d’urgences.
L’armée israélienne a indiqué avoir « visé près de 100 sites terroristes, dont des lanceurs de roquettes souterrains, des tunnels et des installations de stockage de munitions ».
Depuis lundi minuit, 22 roquettes de Gaza ont atterri en Israël et 18 ont été interceptées par les batteries anti-missiles Iron Dome.
AFP