Washington a dénoncé lundi une poussée de l’antisémitisme et de l’hostilité à l’égard des musulmans en Europe, critiquant les lois contre la burqa en France et en Belgique, dans un panorama mondial des libertés religieuses qui fustige aussi l’Egypte et la Chine.
Commentant ce rapport produit par son ministère pour 2011, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton a jugé que « le monde faisait marche arrière » dans la protection de la liberté religieuse, « ce droit humain si caractéristique de sociétés stables, sûres et en paix ».
Dressant une carte pays par pays, le département d’Etat a voulu mettre en exergue, 18 mois après le début du Printemps arabe, « les conséquences des transitions politiques et démographiques sur les minorités religieuses, l’impact des conflits sur la liberté religieuse ainsi que la poussée de l’antisémitisme ».
Mais les Etats-Unis ont réservé leurs critiques les plus acerbes à l’Europe.
Ces « pays sont de plus en plus divers en termes ethniques, raciaux et religieux » mais « ces évolutions démographiques s’accompagnent parfois d’une augmentation de la xénophobie, de l’antisémitisme et de sentiments antimusulmans », déplore Washington.
Surtout, souligne le département d’Etat, « de plus en plus de pays en Europe, dont la Belgique et la France, ont des lois restreignant le code vestimentaire qui pénalisent des musulmans », en allusion aux législations contre le voile intégral.
Les Etats-Unis expriment régulièrement leur désaccord avec Paris sur ce dossier. Porter ou non un vêtement religieux « doit être un choix personnel », a insisté Suzan Johnson Cook, ambassadrice des Etats-Unis pour les libertés religieuses.
La loi française interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public est appliquée depuis le 11 avril 2011. Avant d’être élu, le président de la République François Hollande s’était engagé à la conserver.
La Belgique a adopté la même législation en juillet 2011.
La semaine dernière, le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Nils Muiznieks, avait appelé notamment Paris et Bruxelles à « renoncer aux lois et mesures visant spécialement les musulmans ».
Profanation
Les Etats-Unis s’en prennent aussi une nouvelle fois à la Chine.
Ils dénoncent une « nette dégradation en 2011 du respect par le gouvernement de la liberté religieuse en Chine », s’inquiétant du sort « des bouddhistes tibétains, des chrétiens et des musulmans ouïghours ». Washington avait brocardé Pékin la semaine dernière pour la « détérioration continue de la situation générale des droits de l’homme ».
Ayant collecté des données en 2011, en plein Printemps arabe, Washington salue les « transitions politiques en cours (…) en Afrique du Nord et au Moyen-Orient » –notamment en Tunisie, Libye et en Egypte– pour rappeler que le « sort des minorités religieuses dans ces pays fait la Une de l’actualité ».
Mais le département d’Etat redoute dorénavant « des tensions exacerbées entre ceux qui ont été longtemps opprimés et qui réclament plus de liberté et ceux qui craignent le changement ».
Washington critique surtout l’Egypte pour n’avoir pas jugulé les violences contre la minorité chrétienne copte.
A l’heure où des pays arabes se dotent de « nouvelles constitutions, il serait merveilleux d’y inclure la liberté religieuse », a plaidé Mme Johnson Cook.
Enfin, le département d’Etat s’alarme d’une « poussée mondiale de l’antisémitisme, qui se manifeste par du révisionnisme, la négation ou la glorification de l’Holocauste (…), l’opposition à Israël ou (…) des actes de profanation », citant le Vénézuéla, l’Egypte, l’Iran, l’Ukraine, la Hongrie, les Pays-Bas et la France.
AFP