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Afrique du Sud: Desmond Tutu craint de fêter ses 80 ans sans le dalaï lama

Afrique du Sud: Desmond Tutu craint de fêter ses 80 ans sans le dalaï lama
Triste cadeau d’anniversaire en vue pour Desmond Tutu, qui fête ses 80 ans le 7 octobre. Il a invité le dalaï lama mais doute de plus en plus que Pretoria lui donne son visa par peur d’indisposer la Chine, partenaire de poids pour l’Afrique du Sud. "Je pense que mon cadeau d’anniversaire va être: pas de dalaï lama", a déclaré à l’hebdomadaire Mail&Guardian paru vendredi l’ex-archevêque anglican, l’un des symboles de la lutte anti-apartheid et prix Nobel de la paix en 1984.
La Chine s’oppose activement à toute visite du dalaï lama à l’étranger.
"Il est improbable qu’ils lui donnent un visa. S’ils voulaient le faire, ils l’auraient déjà fait (…) C’est triste", selon Tutu.
Une veillée de protestation est annoncée lundi soir au Cap et une pétition circule estimant que "la conduite du gouvernement rappelle l’apartheid".
Ajoutant à la pression, l’université de Witwatersrand, où le dalaï lama doit parler de la non-violence le 12, a souligné que "toutes les voix devraient avoir le droit d’être entendues dans notre démocratie, un droit pour lequel nous avons combattu avec nos vies".
En 2009, l’Afrique du Sud lui avait déjà refusé un visa.
Desmond Tutu, qui fête ses 80 ans le 7 octobre au Cap, a demandé au dalaï lama d’inaugurer la première conférence internationale Desmond Tutu pour la paix le 8 octobre.
"Nous espérons encore qu’il sera là. Il attire les foules et vous savez, je ne suis pas jaloux", a ajouté Tutu, connu pour son humour.
Aucune décision n’était attendue cette semaine en raison de la visite officielle en Chine du vice-président sud-africain Kgalema Motlanthe. Impossible d’ailleurs de lui arracher un mot du dalaï lama, pas plus que le ministre chinois des Affaires étrangères Hong Lei.
Hong Lei a déclaré que "la Chine appréciait hautement le soutien précieux de l’Afrique du Sud à la Chine sur les questions de Taïwan et du Tibet".
 

"raisons pas très nobles"

Et Pretoria a eu beau assurer que la Chine n’exerce "aucune pression", il ne fait aucun doute pour les défenseurs des droits de l’Homme comme Human Rights Watch (HRW) que, si le refus de visa se confirme, "les raisons à ça ne sont pas très nobles".
 
Et bloquer un dirigeant qui a soutenu les luttes contre l’apartheid, "ce n’est pas seulement nier sa propre histoire, cela pose aussi des questions", a critiqué le directeur Afrique de HRW, Daniel Bekele, dans un communiqué.
La Chine est devenu fin 2009 le premier pays partenaire commercial de l’Afrique du Sud, même si l’Union européenne, en tant qu’entité de 27 pays, est devant, assurant plus d’échanges que la Chine, le Japon et les Etats-Unis réunis, selon l’UE.
Les relations commerciales ne sont cependant pas faciles: avec un déficit de 3 milliards de rands au premier semestre (300 millions d’euros), les échanges de l’Afrique du Sud sont déséquilibrés au profit des manufactures chinoises, contribuant à détruire des emplois locaux, comme dans le textile.
Fin 2010, Pretoria a rejoint le groupe des grands pays émergents des "Brics", créé pour faire contrepoids aux Occidentaux, autour de la Chine, du Brésil, de la Russie et de l’Inde.
"C’est étonnant que le gouvernement sud-africain ait encore l’impression qu’il a quelque chose à perdre en irritant la Chine. On aurait pu penser que les relations étaient devenues plus paritaires", a indiqué à l’AFP Matthew MacDonald, du Centre d’études chinoises de l’université de Stellenbosch.
"En fin de compte, que fera la Chine si l’Afrique du Sud laisse venir le dalaï lama? Va-t-elle couper les liens? Arrêter d’investir ? Je ne pense pas. Les Chinois sont bien trop pragmatiques pour ça. Le gouvernement sud-africain est peut-être trop sensible", s’interroge aussi le politologue, Roland Henwood, de l’université de Pretoria. 

DIASPORAS-NEWS  — AFP

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