dimanche, décembre 22, 2024
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Soudan du Sud: sécurité rétablie dans une ville, crainte de "somalisation"

Soudan du Sud: sécurité rétablie dans une ville, crainte de
L’armée a rétabli la sécurité dans une ville du Soudan du Sud d’où des dizaines de milliers d’habitants ont fui la vendetta d’une tribu rivale, faisant craindre une « somalisation » du plus jeune Etat du monde. Quelque 6.000 jeunes hommes armés de la tribu des Lou Nuer ont marché ces derniers jours sur Pibor, une localité de la tribu des Murle, dans la province de Jonglei (est), qu’ils accusent d’avoir dérobé leur bétail.
Ils ont au passage brûlé des huttes et pillé un hôpital de Médecins sans frontières (MSF) et plusieurs dizaines de personnes pourraient avoir été tuées.
A Lekongele, à une trentaine de kilomètres au nord de Pibor, « il ne restait plus aucune maison, la ville entière était dévastée », a raconté à l’AFP John Boloch Kumen, membre de la Commission gouvernementale pour la Paix et la Réconciliation, qui y a effectué dimanche une mission d’évaluation.
« Sept personnes sont mortes brûlées dans leur hutte, toutes des femmes », a-t-il témoigné. Deux églises, une école et un centre de santé ont été entièrement détruits. « Il ne restait que des vautours et des arbres ».
Craignant « une tragédie », le gouvernement et la force de maintien de la paix de l’ONU au Soudan du Sud avaient annoncé lundi l’envoi de renforts dans la région.
Le ministre sud-soudanais de l’Information, Barnaba Marial Benjamin, a assuré que Pibor était mardi « sous le contrôle total du gouvernement ». « On a ordonné au Lou Nuer de retourner chez eux, ce qu’ils commencent à faire. »
Les conflits interethniques ont été exacerbés dans ce pays par deux décennies de guerre civile entre le Nord et le Sud du Soudan, qui a abouti l’été dernier à l’indépendance du Soudan du Sud mais a nourri les inimitiés historiques entre les différentes tribus et fourni des armes aux habitants.
De nombreux blessés encore en fuite
Selon Lise Grande, coordinatrice de l’action humanitaire de l’ONU dans le pays, « probablement bien plus de 20.000 » personnes se sont enfuies ces derniers jours pour se cacher dans le bush « afin de sauver leur peau et de se mettre en sécurité ».
Même s’il était encore difficile d’établir un bilan, plusieurs responsables craignent que des dizaines d’habitants aient été tuées. Les Nations unies ont transporté des dizaines de blessés vers la capitale Juba.
Selon divers témoignages de survivants rapportés à l’AFP, jusqu’à 150 personnes, principalement des femmes et des enfants, ont été pourchassées et exécutées alors qu’elles tentaient de fuir Pibor.
« Il y a beaucoup de victimes, de gens qui ont été tués », a déclaré à l’AFP le responsable de la ville, Joshua Konyi. « Nous attendons encore la confirmation des témoignages. »
Mais pour le ministre de l’Information, ce conflit va être résolu. « Le Soudan du Sud n’est pas, et ne deviendra pas, une réplique de la Somalie », a-t-il assuré.
Après le pillage de l’hôpital de Pibor et d’une clinique de Lekongole, deux établissements gérés par MSF, il ne reste qu’un centre de santé pour toute la zone, peuplée de quelque 160.000 personnes.
Les habitants « ont fui en toute hâte, sans eau ni nourriture, certains d’entre eux ayant sûrement des blessures ou des lésions », a déploré dans un communiqué Parthesarathy Rajendran, chef de mission de l’ONG au Soudan du Sud.
MSF a suspendu temporairement ses opérations dans la zone mais se dit prêt à fournir « des soins d’urgence dès que possible ».
En 2011, les violences interethniques, les attaques de campements pour voler le bétail et les représailles ont fait plus de 1.100 morts dans l’Etat de Jonglei et forcé quelque 63.000 personnes à quitter leur domicile, selon un rapport des Nations unies.
Fin décembre, un groupe se faisant appeler l’Armée blanche de la jeunesse Nuer avait, dans un communiqué, promis « d’éradiquer totalement la tribu Murle (…), seule façon d’assurer la sécurité à long terme du bétail Nuer ».

AFP

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