vendredi, octobre 18, 2024
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Les dessous de la dissolution de l’Assemblée nationale

Depuis cinq mois et son arrivée au pouvoir, le président sénégalais doit composer avec une chambre acquise à l’opposition. Mais depuis le jeudi 12 septembre, il était en droit d’appeler à des législatives anticipées. Bassirou Diomaye Faye s’est ainsi adressé aux Sénégalais pour justifier la dissolution de l’Assemblée nationale.

La dissolution de l’Assemblée nationale sénégalaise semblait inéluctable et ne semblait n’être plus qu’une question de temps et a finalement eu lieu très vite car la date minimale, le 12 septembre, était le jeudi 12 septembre. En effet, aucune dissolution ne pouvait avoir lieu plus tôt car, selon le Conseil constitutionnel, il faut deux ans de législature avant que l’Assemblée nationale ne puisse être dissoute.

Si le président Bassirou Diomaye Faye a dissous l’Assemblée nationale, c’est pour corriger la discordance actuelle. Élu dès le premier tour par plus de 54 % des électeurs sénégalais mais il n’avait pas la majorité au Parlement dominé par le camp de l’ex-président Macky Sall.

Dans ce contexte, comment incarner au plus vite la rupture consacrée par les urnes à travers des nouvelles lois face à une Assemblée nationale hostile ?

Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF), le parti du président, n’avait en effet que 23 députés sur 165 au Parlement. Et même en y ajoutant ses alliés de la coalition Yewwi Askan Wii, il ne pouvait compter que sur une quarantaine de parlementaires face à la coalition Benno Bokk Yakaar de l’ex-président Macky Sall qui avait la majorité absolue depuis les législatives de 2022. Et cette opposition majoritaire avait déjà démontré sa capacité à faire blocage aux projets de lois proposés par le pouvoir comme on a pu le voir fin juin lors du débat d’orientation budgétaire.

Boycotté par l’opposition, il a donc été annulé. Récemment encore, la proposition de supprimer deux institutions jugées budgétivores par les autorités avait été rejetée par l’opposition majoritaire au Parlement.

Entre le pouvoir et l’opposition, le blocage était total et la rupture était consommée, explique Ababacar Fall à la tête du think tank le Gradec (Groupe de recherche et d’appui-conseil pour la démocratie participative et la bonne gouvernance). « Ce qui est en train de se passer entre les deux camps, c’est une sorte de prolongation de l’élection présidentielle de mars 2024 et c’est la raison pour laquelle on assiste aujourd’hui à cette animosité entre les deux camps », analyse-t-il.

Une chose est sûre, le pouvoir de Bassirou Diomaye Faye refusant l’idée d’une négociation politique (incluant l’abandon de la reddition des comptes, l’abandon de poursuites judiciaires qui devraient être enclenchées contre les responsables de l’ancien régime), la dissolution de l’Assemblée nationale devenait un impératif pour installer une nouvelle majorité.

Lamine Thiam

Légende : Bassirou Diomaye Faye n’avait pas la majorité au Parlement dominé par le camp de l’ex-président Macky Sall.

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