vendredi, novembre 22, 2024
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RDC : Mukwege appelle les politiques congolais à s’engager contre les violences sexuelles

Le prix Nobel de la paix 2018 Denis Mukwege a appelé mercredi les responsables politiques congolais à s’engager dans la lutte contre les violences sexuelles et le « martyr des populations » dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

« Il y a peu et encore, l’engagement des responsables politiques de notre pays au niveau provincial et national a souvent été le chainon manquant » dans la lutte contre ces violences dans la partie est du pays, a déploré M. Mukwege.

Le Dr Mukwege était invité pour la première fois par l’Assemblée de la province du Sud-Kivu (est) à Bukavu à s’exprimer devant les élus sur la question des violences sexuelles et l’utilisation du viol comme arme de guerre en RDC.

« Depuis plus de 20 ans, massacres et assassinats endeuillent nos villages et nos villes. Depuis plus de 20 ans, des femmes, des enfants et mêmes des hommes de notre province subissent des viols avec une extrême violence, commis pour leur très grande majorité, dans une totale impunité », a rappelé le gynécologue.

« Ces cruautés devraient interpeller nos consciences et notre humanité », a une nouvelle fois plaidé celui que l’on surnomme « l’homme qui répare les femmes », et qui opère dans la désormais célèbre clinique de Panzi, dans sa ville de Bukavu.

La rencontre d’aujourd’hui est « l’expression d’une prise de conscience par les élus de notre peuple que leur implication dans la lutte contre les violences sexuelles et l’impunité (…) peut faire la différence », s’est-il réjoui, y voyant une « grande première de prise en main par nos élus et nos autorités de cette épineuse question des violences sexuelles et du martyr des populations qui en découlent ».

Il s’est dit par ailleurs « très reconnaissant » du « soutien que vous êtes nombreux à m’avoir manifesté dans les circonstances de ces derniers jours », en référence au tollé soulevé dans le pays par de récents propos polémiques du président rwandais Paul Kagame.

Le 17 mai à Paris, lors d’une interview aux médias français France 24 et RFI, M. Kagame avait semblé remettre en doute les nombreux massacres perpétrés dans l’est de la RDC dans les années 90 et 2000, documentés dans un rapport de l’ONU (rapport Mapping publié en 2010). Il avait accusé au passage M. Mukwege d’être « un outil de forces que l’on ne voit pas ».

Interrogé à ce propos, M. Mukwege a réagi en expliquant que « le président d’en face (…) ne peut que déclarer ça ».

« Mais qu’est-ce que nous nous disons? C’est ce qui est le plus important (…) C’est comme si on se laisse infantiliser en espérant que quelqu’un va nous défendre, va parler pour nous », a poursuivi le Dr Mukwege.

« Allez dans ce pays (Rwanda) et osez avoir une expression négationniste par rapport à ce qui s’est passé chez eux. On ne va pas vous retrouver vivant », a-t-il lancé.

« Mais lorsqu’on fait du négationnisme chez nous, c’est comme si c’était normal », a-t-il fustigé: « en politique il n’y a pas d’amis, il n’y a que des intérêts. Si nous ne défendons pas nos intérêts, n’attendons pas à ce que les autres les défendent ».

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