Le député conservateur Boris Johnson, champion des pro-Brexit, a conforté mardi son avance dans la course à la succession de la Première ministre britannique Theresa May en terminant largement en tête du deuxième tour du vote, avant de prendre part à un débat télévisé dans la soirée sur la BBC.
Ancien maire de Londres et ex-ministre des Affaires étrangères de Mme May, le député conservateur qui aura 55 ans mercredi, tenant d’un Brexit dur, a récolté 126 voix des députés conservateurs sur 313 lors du deuxième tour des votes pour l’élection du chef des tories – qui deviendra Premier ministre.
Loin derrière suivent le chef de la diplomatie Jeremy Hunt (46 voix), le ministre l’Environnement Michael Gove (41), celui du Développement international Rory Stewart (37) et enfin de l’Intérieur Sajid Javid (33).
En revanche, Dominic Raab, fugace ministre du Brexit, a échoué à réunir les 33 voix nécessaires pour passer au troisième tour, qui se déroulera mercredi.
– 007 à Downing Street ? –
Comme au premier tour la semaine dernière, Jeremy Hunt arrive en deuxième position. Il veut incarner l’alternative « sérieuse » face à l’exubérant Boris Johnson, en mettant en avant ses succès d’entrepreneur, qui ont fait de lui un multi-millionnaire, et sa longue carrière politique. Elu député en 2005, il est ministre depuis 2010, successivement à la Culture, à la Santé puis aux Affaires étrangères.
Rory Stewart constitue lui l’invité surprise de cette course au pouvoir. Arrivé quatrième, il a dépassé de quatre voix le poids lourd du gouvernement Sajid Javid.
Très réactif sur Twitter, sa popularité a grandi ces dernières semaines. Seul candidat à s’opposer à une sortie sans accord de l’UE, il a déclaré mardi matin à la BBC qu’il « adorerait » affronter Boris Johnson, « afin de donner l’occasion » aux quelque 160.000 membres du Parti conservateur qui départageront les finalistes de « choisir entre le Brexit de Boris ou le mien ». Ils en auront l’occasion lors d’un débat sur la BBC à partir de 19H00 GMT.
Selon le Telegraph, ce baroudeur, passé par le Foreign Office, a servi dans le MI6, le service du renseignement extérieur britannique, ce qu’il a démenti mardi à la BBC.
La mise en oeuvre du Brexit sera la priorité du nouveau chef du gouvernement. Incapable de mettre en oeuvre la sortie de l’UE, Theresa May a démissionné le 7 juin de ses fonctions de chef du Parti conservateur, près de trois ans après le référendum du 23 juin 2016 qui avait vu les Britanniques voter à 52% en faveur de ce divorce historique, le premier dans l’histoire de l’Union européenne.
Après trois rejets successifs par les députés de l’accord de retrait qu’elle a négocié avec Bruxelles, censé organiser une séparation en douceur, Theresa May a été contrainte de repousser au 31 octobre la date du Brexit, initialement programmé pour le 29 mars.
Jouant la carte de sauveur de la sortie de l’UE, et de rempart contre la progression du Parti du Brexit de l’europhobe Nigel Farage, Boris Johnson veut sortir de l’UE fin octobre, accord renégocié ou pas.
– Gaffes et populisme –
Politicien habile et charismatique à l’ambition dévorante, « BoJo », comme il est surnommé, jouit du soutien de nombreux militants de la base du Parti conservateur, qui voient en lui le chef idoine pour remettre le Brexit sur les rails.
Mais ses gaffes à répétition et son discours flirtant avec le populisme agacent ses pairs, comme lorsqu’il menace de ne pas payer la facture du Brexit – estimée entre 40 et 45 milliards d’euros par Londres – jusqu’à ce que l’UE accepte de meilleures conditions de retrait.
Il s’est attiré une volée de critiques pour avoir snobé un débat télévisé entre candidats, dimanche soir, offrant l’image insolite d’un pupitre inoccupé.
« Où est Boris ? », a demandé Jeremy Hunt, sur le plateau de Channel 4.
« Si son équipe ne lui permet pas de venir débattre avec cinq collègues plutôt sympathiques, comment va-t-il s’en sortir avec 27 pays européens ? », a-t-il critiqué. Mardi soir, il sera présent.