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L’Afrique à l’épreuve de la démocratisation

L’Afrique à l’épreuve de la démocratisation
C’est une évidence. Force est de se rendre compte qu’il n’y a pas de justice dans les relations internationales. Il n’y a que des intérêts d’Etats à défendre et à sauvegarder. Et comme rien ne se fait sans les hommes, rien ne se fait sans les institutions, l’Afrique devra se déterminer à faire face à l’épreuve de la démocratisation pour connaître le grand changement, à l’instar des autres continents. Toutefois les hommes ne manquent pas, seules les institutions, qui sont souvent le ventre mou du maillon. Les élections étant la première expression démocratique, il est normal qu’on s’y attache. Tout commence au Togo où Faure Gnassingbé inaugure le calendrier électoral 2010-2011. Le 4 mars 2010, le fils du ‘‘Timonier’’ est réélu avec 60% des voix. Tandis qu’Omar El-Béchir recueillait 68,24% des suffrages lors de la présidentielle et des législatives au Soudan, le 11 avril 2010. En Ethiopie, le président Meles Zenawi et le Front Révolutionnaire et Démocratique des Peuples Ethiopiens (EPRDF), parti au pouvoir,  arrivent très largement en tête des législatives le 23 mai 2010.
 
Pas de surprise à Maurice, le 5 mai 2010. Le premier ministre Navim Ramgoolam, pour un second mandat consécutif d’une durée de 5 ans, remporte les législatives. Pendant qu’au Burundi, Pierre Nkurunziza, seul candidat à la présidentielle du 28 juin 2010, gagne avec un score de 91,62%. A Sao-Tomé et Principe, c’est l’opposition ADI qui remporte les législatives du 1er août 2010. Pour Paul Kagamé l’élection présidentielle du 9 août 2010 n’était qu’une formalité. Il l’emporte avec 93% des voix pour une durée de 7 ans. En Tanzanie, le président Jakaya Kikwete est réélu avec 61,17% des suffrages lors de la présidentielle et des législatives, le 31 octobre 2010. Avec 52,52% au second tour le 7 novembre 2010 après le report du 19 septembre de l’élection présidentielle, dont le premier tour a eu lieu le 27 juin 2010, l’ « opposant historique » guinéen est déclaré vainqueur. Quant au président sortant du Burkina Faso, Blaise Compaoré, sa victoire est nette avec 80,98% des suffrages exprimés le 21 novembre 2010.
 
Après plusieurs reports, l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, dont le premier tour a eu lieu le 31 octobre 2010, a donné son verdict au second tour le 28 novembre 2010. Est élu Alassane Ouattara avec 54,10% des voix. Le Parti National Démocrate (PND) d’Hosni Moubarak remporte les législatives et les sénatoriales en Egypte le 28 novembre et le 5 décembre 2010. Après avoir gagné la primaire du 7 novembre, Ikililou Dhoinine remporte avec 61% des suffrages les élections du président de l’Union et des gouverneurs des Iles des Comores le 26 décembre 2010 après le report de mai. Tandis qu’au Sud-Soudan, le 9 janvier 2011, c’est le « oui » qui l’emporte avec 98,83% au référendum sur l’indépendance. En République Centrafricaine, le président François Bozizé est réélu avec 64,37% des voix le 23 janvier 2011 dès le premier tour de la présidentielle et des législatives après le report du 16 mai 2010.
 
Après avoir échoué 4 fois, Mahamadou Issouffou remporte avec 57,95% des suffrages la présidentielle du 31 janvier 2011 et les législatives du 12 mars 2011 au Niger. Au Cap-Vert, l’opposant Jorge Carlos Fonseca du Mouvement Pour la Démocratie(MPD) est élu avec 54,26% des voix à l’élection présidentielle du 21 août 2011.  Le président Idriss Deby Itno, soutenu par le Mouvement Patriotique du Salut (MPS) est réélu avec 83,59% des voix le 25 avril 2011 au Tchad. Le 13 mars 2011, lors de la présidentielle et des législatives au Bénin, Yayi Boni est réélu avec 53,14% des voix. L’élection présidentielle du 9 avril 2011 au Nigeria confirme à la tête du pays le président Goodluck Jonathan, élu avec 58,89% des suffrages. Mais avant lui, Ismail Omar Guelleh, est réélu avec 80,63% des voix à Djibouti, le 8 avril 2011. C’est sans surprise que Paul Biya est réélu avec 77,989% des voix au Cameroun lors du scrutin à un tour, le 9 octobre 2011.
 
Du discours de La Baule à celui d’Accra
De façon générale, le discours de La Baule proposait la démocratisation du continent aux Africains en échange de l’aide au développement. Dans le cadre de la conférence des chefs d’Etat d’Afrique et de France à La Baule en France, le président François Mitterrand prononce un discours qui marquera une date importante dans les relations entre la France et l’Afrique. Qui selon Roland Dumas, ministre des Affaires étrangères d’alors, se résume ainsi : « Le vent de liberté qui a soufflé à l’Est devra souffler un jour en direction du Sud (…) Il n’y a pas de développement sans démocratie et il n’y a pas de démocratie sans développement. » Mais vingt ans après, ce discours est toujours à l’ordre du jour. Nicolas Sarkozy ainsi que Barack Obama l’ont repris à leur compte. Lors d’un voyage à Accra au Ghana en 2009, le président américain Barack Obama a dit aux Africains: « L’Occident n’est pas responsable de la destruction de l’économie zimbabwéenne par exemple, ni des guerres où des enfants sont enrôlés comme soldats. »
 
Avant d’ajouter : «  Le peuple ghanéen a travaillé dur pour consolider la démocratie au moyen de passages pacifiques répétés du pouvoir, même à la suite d’élections très serrées. Grâce à une meilleure gouvernance et au rôle de la société civile naissante, l’économie ghanéenne a enregistré un taux de croissance impressionnant. » De même au Caire, il a dit : « Chaque nation façonne la démocratie à sa manière, conformément à ses traditions. Mais l’histoire prononce un verdict clair : les gouvernements qui respectent la volonté de leur peuple, qui gouvernent par le consentement et non par la coercition, sont plus prospères, plus stables et plus florissants que ceux qui ne le font pas. »  C’est clair pour Barack Obama, la bonne gouvernance et la démocratisation de la vie politique  sont les conditionnalités de l’octroi de l’aide au développement.
 
Une nouvelle ère
L’année 2010/2011 est l’année des élections sur le continent. Une question majeure pour les Africains qui aspirent à la démocratie pour laquelle ils se battent chaque jour. L’Afrique refuse d’être le théâtre des coups d’Etat d’hier et aujourd’hui des tripatouillages de la Constitution pour ceux qui veulent accéder ou s’accrocher au pouvoir. C’est le cas dans des pays comme le Zimbabwe, la Guinée Equatoriale, le Congo Brazzaville, le Sénégal, le Togo, le Kenya, la Côte d’Ivoire, la Tunisie, la Libye, le Maroc. Faut-il redouter l’issue de l’élection présidentielle du 24 novembre en Gambie ? Le président gambien Yahya Jammeh, est un autocrate et un charlatan qui prétend guérir le VIH/SIDA sans en donner la preuve. La population vit dans la misère pendant qu’il s’enrichit illicitement. Il a la dent dure contre le Sénégal et même d’autres pays de la CEDEAO.
 
On a l’impression que la Gambie est un désert dans la région, voire le monde. A ses visiteurs, M. Jammeh dit que c’est Allah qui lui a donné le pouvoir de renverser le régime de Dawda Jawara en 1994. Alors personne ne pourra lui ravir son fauteuil. Pour la diaspora gambienne le président Jammeh est un fou. Ses intentions sont rétrogrades et nuisibles au peuple. C’est un dictateur et un usurpateur de pouvoir qui ne mérite pas d’être à la tête de la Gambie. Il doit être mis hors jeu pour rendre le pays enviable et fréquentable. Comme lui, il y a de nombreux chefs d’Etat qui pensent que la démocratie est un luxe pour l’Afrique. Non, la démocratie est un moyen pour le développement économique et social du continent.
 
Tant que des leaders africains quoique battus dans les urnes refuseront de partir, l’Occident viendra toujours au secours de la majorité silencieuse et sans armes. Il n’y a qu’à voir ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire où la communauté internationale a chassé Laurent Gbagbo du pouvoir. C’est la pire humiliation pour celui qui se faisait appeler le « Père de la démocratie et l’Enfant des élections en Côte d’Ivoire. » Eh bien ! Que dire du ‘‘Printemps arabe’’ qui a renversé les régimes de Ben Ali de Tunisie, d’Hosni Moubarak d’Egypte et précipité la mort de Mouammar Kadhafi de Libye ? Hormis le cas libyen, il faut saluer le courage et l’audace de la ‘‘rue arabe’’ qui a eu raison des deux premiers cités. A côté des régimes autoritaires sur le continent, on trouve quelques modèles de démocratie et de bonne gouvernance comme le Bénin, Maurice, le Cap-Vert, le Ghana, etc.
 
L’Afrique face à son destin
Il faut reconnaître que l’Afrique ne peut être en marge de la mondialisation. Pour mériter le soutien de l’Occident elle doit s’inscrire dans le processus de démocratisation politique en marche. Mais également, l’Europe et les Etats-Unis doivent être fermes avec les biens mal acquis appartenant aux dictateurs. Le discours de La Baule de François Mitterrand et celui de Barack Obama doivent servir de ‘‘feuille de route’’ pour mettre hors d’état de nuire tous les leaders rétrogrades au pouvoir en Afrique. Ils sont tous corrompus et ne pensent qu’à leur progéniture et non au bien-être social des populations qu’ils sont censés gouverner. Au pouvoir par des coups d’Etat pour les uns et par des tripatouillages constitutionnels pour les autres depuis plusieurs années, ces dictateurs sont l’image d’une Afrique, à la fois déclinante et corrompue. La communauté internationale doit prendre des mesures pour que ces dictateurs qui se soucient peu de leurs populations rendent des comptes, au même  titre que des génocidaires, devant la Cour Pénale Internationale.
 
Faustin Dali
 
 
 
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