dimanche, novembre 24, 2024
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Nouvelle-Zélande: les armes sur la sellette après le massacre des mosquées

La Nouvelle-Zélande s’interroge sur sa législation sur les armes à feu, entre des autorités qui veulent durcir un dispositif libéral ayant permis au tueur des mosquées de se doter d’un arsenal sans le moindre problème, et ceux qui refusent de renoncer au droit de s’armer.

« On ne peut ignorer le fait troublant » que le suprémaciste blanc australien qui a tué cinquante fidèles musulmans vendredi « est venu en Nouvelle-Zélande pour acheter des armes à feu qu’il n’aurait pu obtenir en Australie », a déclaré Chris Cahill, président de l’Association de la police néo-zélandaise.

La Première ministre Jacinda Ardern a annoncé que des mesures restreignant l’accès aux armes seraient annoncées d’ici une semaine. Elles pourraient comprendre l’interdiction de certains fusils semi-automatiques et un programme de rachat des armes.

Actuellement, toute personne de plus de 16 ans jugée « compétente et convenable » peut obtenir un port d’armes standard de catégorie A, qui permet d’acheter des fusils d’assaut comme le AR-15 dont se serait servi le tueur de Christchurch.

Selon les dernières statistiques, la police a approuvé 99,6% des près de 45.000 demandes de port d’armes déposées en 2017, l’année où le tueur a obtenu le sien.

– Zéro culpabilité –

M. Cahill a exigé l’interdiction des armes semi-automatiques aisément modifiables et la création d’un registre national des armes à feu.

« Aujourd’hui, on n’a aucune idée de qui achète des armes, où ils les conservent, et combien ils en ont en Nouvelle-Zélande », déplore-t-il.

David Tipple, directeur général de Gun City, qui a fourni quatre armes à l’extrémiste australien, souligne que cette vente n’avait rien d’illégal.

Brenton Tarrant était « un client tout neuf avec un permis tout neuf. C’était une vente ordinaire », a-t-il dit.

Et comme on lui demandait s’il ressentait de la culpabilité, il a répondu: « non, pas du tout ».

L’armurier a ajouté qu’il continuerait de vendre des armes à toute personne disposant des mêmes papiers.

La dernière réforme d’importance de la législation date d’une fusillade à Aramoana, près de Dunedin, sur l’île du Sud, en 1990, qui avait fait 13 morts à la suite d’une querelle de voisinage.

Les lois avaient été durcies mais les tentatives suivantes, en 2005, 2012 et 2017, échouèrent.

Animaux nuisibles –

Désormais, même la publicité est remise en cause. De nombreux habitants ne décolèrent pas face à une pancarte de Gun City installée en bordure d’autoroute et qui montre un homme en train d’apprendre à tirer à deux enfants.

« Je suis totalement stupéfait qu’on puisse avoir un panneau comme ça » explique Richard Griffiths, dont le cabinet médical est situé non loin de la mosquée de Linwood, où sept personnes ont été tuées.

Les défenseurs des armes semi-automatiques arguent qu’elles servent à abattre les animaux nuisibles dans les zones où ils sont en surnombre.

Andrew Taylor, propriétaire de Shooters Supplies dans la banlieue de Christchurch, vend généralement des armes semi-automatiques à des « types qui tirent sur des nuisibles, des cerfs ou des chèvres sauvages, depuis des hélicoptères ».

Mais il a fermé son commerce pour le weekend après le carnage des mosquées, et a aussi retiré des étagères les chargeurs à grande capacité, les AR-15 et les armes comparables.

Dans ce pays de moins de cinq millions d’habitants, environ 250.000 personnes possèdent un port d’armes. Il y aurait 1,5 million d’armes en circulation, selon les estimations basses. Cela revient à trois armes pour dix habitants, soit moins que la moyenne américaine de plus d’une par personne mais plus que dans l’Australie voisine, qui a durci ses lois après une tuerie survenue en 1996.

Dans la foulée des attaques, la page Facebook du Kiwi Gun Blog a été inondée de messages inquiets d’habitants craignant que les détenteurs d’armes qui en font un usage responsable ne soient injustement punis.

Dans une lettre ouverte à Mme Ardern, une organisation se faisant appeler Shooterslottery réclame une enquête pour déterminer si l’attaque résulte d’un échec des services de sécurité, de la législation sur les armes ou des « agissements imprévisibles d’un monstre ».

« Nous sommes préoccupés par votre précipitation à réformer la loi sur les armes. D’autant que cela se fait en coulisses, par des inconnus, sans consultation publique. C’est pas ça la démocratie », dit la lettre.

D’autres détenteurs d’armes refusent de voir restreindre leurs droits tout en reconnaissant que la Nouvelle-Zélande n’a pas besoin d’armes semi-automatiques de type militaire.

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